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Crise des agriculteurs: la loi d'orientation agricole a-t-elle apaisé les tensions?

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La loi d'orientation agricole (LOA), adoptée définitivement ce jeudi au Parlement, suscite des réactions contrastées chez les agriculteurs. Saluée par la FNSEA, elle ne répond pas aux attentes de la Coordination rurale et la Confédération paysanne.

Si certains se "réjouissent", pour d’autres "on passe à côté de l’essentiel". Alors que la loi d’orientation agricole a été définitivement adoptée au Parlement ce jeudi, ce texte, présenté comme une réponse à la grogne du secteur, ne fait pas l’unanimité parmi les agriculteurs.

Du côté de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, cette loi est considérée comme "une étape supplémentaire dans ce que nous avons besoin de construire pour notre souveraineté alimentaire" estime Arnaud Rousseau, président de la FNSEA sur France Info.

"Nous attendions cette loi depuis trois ans. Nous nous réjouissons qu’elle ait été votée", affirme le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.

La LOA répond à deux objectifs majeurs. "Reconnaître l’agriculture comme étant d’intérêt général majeur" et "faciliter l’installation et la transmission des exploitations agricoles aux jeunes", explique le président de la FNSEA.

Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, partage cet avis et souligne que "cette LOA elle arrive à point nommé".

Dominique Chargé, président de La Coopération Agricole - 21/02
Dominique Chargé, président de La Coopération Agricole - 21/02
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Cependant, Arnaud Rousseau se garde de présenter le texte comme une solution à tous les défis agricoles. Il souligne que "le quotidien des agriculteurs nécessite toujours des mesures nouvelles", en évoquant notamment le projet de loi sur les entraves et des mesures de simplification qui "devraient aller plus loin".

"Ce n'est pas une satisfaction"

Mais la loi d’orientation agricole est en effet loin de faire l’unanimité chez les autres représentants des agriculteurs. Pour la Coordination rurale, la LOA n’a pas apaisé les tensions:

"La LOA, ça change quoi?" interroge Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale.

"Ce qu’il nous faut, c'est du revenu. Pour faire venir les jeunes, on a besoin d’une exploitation viable, vivable", affirme t-elle sur Europe 1 ce matin.

"Ce n’est pas une satisfaction, la loi n’aborde pas les principaux points que l’on attendait. Le revenu bien sûr, mais aussi le fait de pouvoir produire de façon loyale avec les autres pays européens et travailler à armes égales", explique Karine Duc, coprésidente de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne à BFMTV.

Elle déplore que la loi ne réponde pas à la préoccupation essentielle d’une réglementation uniforme au niveau européen, condition sine qua non pour pouvoir produire dans des conditions équitables.

La Confédération paysanne rejoint cette analyse et dénonce un texte "silencieux sur les trois leviers que sont le revenu, la transition agroécologique et l'accès au foncier".

"Destruction des sols"

La Confédération paysanne dénonce par ailleurs un texte qui favorise un système productiviste plutôt qu’une véritable transition agroécologique. Selon la Confédération, "ce texte renforce la trajectoire agro-industrielle de l'agriculture" et conduit à "la destruction des sols et de la biodiversité".

En effet, l’article 1er de la loi, qui stipule que "les normes réglementaires en matière d’agriculture ne peuvent aller au-delà des exigences minimales des règles européennes", est critiqué par les écologistes. Cette disposition est vue comme une tentative de bloquer l’interdiction des pesticides au niveau national, comme ce fut le cas pour les néonicotinoïdes.

Face à ces critiques, Arnaud Rousseau affirme que "l’agriculture française est reconnue comme une des plus durables au monde". Il rappelle que "des efforts importants ont été fait depuis 10 ans, "en réduisant l’utilisation des produits". Cependant, "il ne faut pas d’interdiction [de pesticides], sans solution", insiste-t-il.

"Une mesure d'égalité"

Il avertit qu’il ne faut pas "laisser la porte ouverte aux autres avec des produits souvent moins disant" et que ce n’est pas un recul, mais "une mesure d’égalité".

"Si un produit est utilisé en Allemagne, il n’y a pas de raison qu’il ne soit pas utilisé aussi en France", affirme Arnaud Rousseau.

Alors que le Salon de l'agriculture ouvre ses portes demain, le président du syndicat majoritaire affirme vouloir que cela "se passe bien" cette année.

Louise de Maisonneuve