BFM Business
Aéronautique

Une "excellente solution": à terme, Embraer se voit bien en challenger du duopole Airbus-Boeing

placeholder video
Face aux problèmes des deux géants de l'aéronanutique, le PDG d'United Airlines a plaidé pour l'émergence d'un troisième acteur de poids.

Face aux multiples problèmes que connaissent actuellement Boeing et Airbus, John Kirby, le PDG de la très puissante compagnie aérienne américaine United Airlines, a plaidé pour l'émergence d'un troisième acteur, citant le fabricant brésilien Embraer, et plus globalement, pour une concurrence accrue dans le secteur.

Un message reçu par l'entreprise. Selon Reuters, le PDG d'Embraer, Francisco Gomes Neto a indiqué que son entreprise serait une "excellente solution" au problème posé et qu'il y avait une carte à jouer. Tout en soulignant que rien n'est prévu à court terme.

"Nous étudions constamment les opportunités, non seulement dans le domaine commercial mais aussi dans d'autres secteurs d'activité, mais à ce stade, nous n'avons pas de plans concrets. Nous nous concentrons vraiment sur la vente des produits que nous avons", a-t-il expliqué.

Miser sur Embraer serait de toutes façons un pari sur le long terme, bien après 2030. Outre le développement d'un appareil plus gros (qui prendra du temps), il faudra passer les étapes de tests et de certifications qui compte tenu du contexte actuel risquent d'être plus sévères que jamais.

La piste Comac pour le moment écartée

Embraer, numéro trois mondial, ne fabrique que des avions régionaux embarquant 90 à 120 passagers, soit la gamme qui se place juste en-dessous des moyens-longs courriers d'Airbus et Boeing de plus de 150 sièges.

En réalité, la seule piste à court terme sur ce segment très prisé est celle du chinois Comac. Le constructeur d'Etat commercialise le C919, le premier avion de ligne de conception et de fabrication chinoise qui vise à concurrencer le 737 Max de Boeing et la famille des A320 d'Airbus.

Si l'appareil trouve preneur chez les puissantes compagnies aériennes chinoises à coup de centaines d'exemplaires, il n'est pas encore certifié par la FAA et l'EASA (les agences américaines et européennes de régulation aérienne) et ne peut donc pas voler dans ces régions.

Comac suscite par ailleurs une certaine méfiance dans le monde aéronautique. John Kirby d'United a ainsi jugé "peu probable" que Comac compense à court terme les difficultés d'Airbus et Boeing.

Frustration

Rappelons que la demande en avions neufs n'a jamais été aussi forte et les retards de livraison ou les immobilisations n'ont jamais été aussi importants provoquant un sentiment de frustration sans précédent chez les grandes compagnies aériennes.

Pour Boeing, la production est fortement perturbée à cause des problèmes de qualité du 737 Max, son avion moyen courrier vedette. Quant au Max 10, il est toujours en attente de certification.

Pour Airbus, si la production se redresse, les compagnies doivent gérer des problèmes de moteur Pratt & Whitney de certains A320neo. Jusqu'à 650 appareils pourraient être immobilisés au sol au premier semestre 2024 pour des inspections.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business