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Emploi

Y'a-t-il trop de fonctionnaires en France ?

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L'Etat fait le ménage dans la Fonction publique. Depuis 2007, un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, n'est pas remplacé. Faut-il continuer ? Politiques, fonctionnaires et syndicats débattent, chiffres à l'appui.

Fonctionnaire, usager du Service public... dites-nous, dans le forum ci-dessous, ce que vous pensez de ces suppressions de postes !

Nicolas Sarkozy est à Laon dans l'Aisne ce mardi matin, pour défendre sa réforme de l'Etat et donc évoquer l'avenir de la fonction publique. Depuis 2007, plus de 100 000 postes de fonctionnaires ont été supprimés en France. L'Etat applique la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Une règle qui fait débat.

« Moins de fonctionnaires, mieux payés, plus motivés »

Convaincu que ces suppressions de postes sont la solution pour « un Etat plus efficace, des fonctionnaires moins nombreux, mieux payés, plus motivés », le député UMP Gilles Carrez, rapporteur du budget à l'Assemblée nationale, s'exclame : « On avait 1,5 million de fonctionnaires d'Etat en 1981 ; on en a plus de 2 millions aujourd'hui ! » Mais s'il reconnaît que les différents secteurs de la fonction publique sont « inégaux » sur ce sujet, il reste vague sur ceux « où il faut recruter »...

« Il faudrait aller beaucoup plus vite »

Favorable à une diminution du nombre de fonctionnaires pour réduire les déficits, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation pour la Recherche sur les Administrations et sur les Politiques Publiques (IFRAP), estime néanmoins que la politique actuelle ne va pas assez loin : « on a jamais eu autant de fonctionnaires en France depuis 30 ans ; on est à 5,3 millions de fonctionnaires en tout. Or, le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux ne s'applique que sur la fonction publique d'Etat, et à ce rythme, c'est beaucoup trop lent ; il faudrait aller beaucoup plus vite. La difficulté, c'est aussi qu'on embauche en moyenne 40 000 nouveaux fonctionnaires tous les ans, dans les collectivités locales. »

« Un coût global qui peut même augmenter »

Opposé au non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS (Centre National de Recherche Scientifique) et au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po), spécialiste de la fonction publique, démonte l'argument de l'Etat, qui affirme qu'en supprimant ces postes, il fait des économies : « cela fait grosso modo économiser 1 milliard d'euros. Mais, comme il y a en réalité des transferts de missions et des créations d'emplois, notamment dans les collectivités locales, on a un coût global qui peut même augmenter. Surtout si vous avez des transferts vers le secteur privé, par exemple des entreprises de gardiennage privé qui vont prendre le relais de la police, pour assurer la sécurité dans un certain nombre de lieux publics. Cette forme de transferts sur des entreprises privées peut s'avérer très onéreuse. »

« L'efficacité des services publics en danger »

De son côté, le député socialiste des Landes Alain Vidalies, secrétaire national du PS au Travail et à l'Emploi, met en doute la « crédibilité » de l'Etat qui, « avec 100 000 suppressions d'emplois ces dernières années, a réalisé le plus grand plan social de France ». Rappelant que les enseignants, la police et l'armée représentent environ 80% des fonctionnaires d'Etat, il souligne que, vu le contexte actuel, continuer à diminuer le nombre d'agents, notamment dans l'Education nationale et la police, représente un réel danger : « On a déjà supprimé 5% ; on arrive maintenant dans une situation extrêmement dangereuse pour l'efficacité des services publics. »

Une sonnette d'alarme que tire aussi Brigitte Jumel, secrétaire générale de la CFDT Fonction Publique : « la compensation se fait à coups d'heures supplémentaires ; ça se passe aussi par le biais de la difficulté que l'on a à répondre au public dans les préfectures (cartes grises, papiers...) Le malaise des fonctionnaires est aussi traduit par un vrai malaise chez les usagers, qui ne trouvent plus le service public qu'ils attendaient. »

La rédaction, avec Yannick Olland-Bourdin & Co