"Rester connecté, c’est s’épuiser lentement": connaissez-vous la "méthode des 3D" pour vraiment réussir à couper en vacances?

Les vacances n'offrent pas les mêmes bienfaits selon comment on les organise. Voici ce qu'il faut faire pour partir l'esprit léger, pour vraiment déconnecter les congés et pour prolonger les effets bénéfiques à votre retour.

Il faut couper le cordon. Pendant les vacances, il est essentiel de ne pas surveiller ses mails, de ne pas répondre aux sollicitations ou participer à une visio depuis son transat. "Rester connecté, c’est croire qu’on tient. Alors qu’on s’épuise lentement", assure le psychologue du travail Jean-Christophe Villette.

"La science nous apprend que les vacances n'apportent pas les mêmes bienfaits suivant comment on les organise", explique-t-il.

Selon une meta-analyse publiée en 2025 qui regroupent différentes études sur le sujet, on peut obtenir des effets bénéfiques plus de six semaines après la fin de ses vacances... à condition de respecter certains principes.

Alors pour bien se reposer et bénéficier d'une coupure régénératrice, le psychologue résume ses conseils avec "la méthode des 3D: déléguer avant, débrancher pendant et diriger après".

· Déléguer dès J-5

Pour profiter pleinement des vacances, il est essentiel de partir l'esprit libéré. Et cela s'organise. Il s'agit tout d'abord d'annoncer son départ et d'organiser la continuité pour ne pas être dérangé pendant ses congés.

Commencez donc par bien informer vos collègues (et pas seulement votre manageur) que vous partez. Ensuite, il faut formaliser une passation claire et avoir des relais qui peuvent répondre aux sollicitations en votre absence.

"Généralement il s'agit d'un collègue référent à qui vous pouvez transmettre les sujets. Veillez à le faire plusieurs jours à l'avance pour que cette personne puisse vous poser des questions si elle en a", conseille Jean-Christophe Villette.

Il est également recommandé de préparer un mail automatique qui prévient clairement que vous ne consulterez pas vos mails professionnels pendant la période et qui indique le contact de la personne relais.

À mesure que la date approche, Jean-Christophe Villette conseille aussi d'alléger son agenda. Pas question de prévoir une réunion stratégique à quelques heures des vacances.

"Prévoyez un sas d'une demi-journée avant de partir pour avoir le temps de clôturer les dossiers afin de ne pas les avoir en tête pendant vos congés", conseille le psychologue.

Enfin, avant même de partir, vous pouvez activer les bienfaits des vacances par anticipation. "Vous pouvez vous préparer mentalement en visualisant les paysages, les activités qui vous font plaisir, ça stimule le bien-être psychologique", explique le spécialiste.

· Débrancher sans culpabilité

Pendant les vacances, il s'agit évidemment de déconnecter. "Ce que la science nous apprend, c'est que ce n'est pas forcément la durée de pause qui est significative, qu'on parte deux ou trois semaines, mais plutôt ce qu'on va faire pendant les vacances", souligne Jean-Christophe Villette.

Des actions concrètes peuvent permettre d'oublier le bureau: tout d'abord désinstaller provisoirement les applications professionnelles. "Si c'est vraiment nécessaire, vous pouvez prévoir un seul créneau hebdomadaire où vous êtes joignable pour les urgences", ajoute-t-il, tout en précisant qu'une réflexion pourrait avoir lieu dans l'organisation de l'entreprise pour que ça n'arrive pas.

Pour réussir à couper, il peut aussi être intéressant de s'imposer une coupure d'internet pendant les premières 48 heures de vacances. Dormir avec le téléphone hors de la chambre peut aussi être une solution. En tout cas, ralentir, se relaxer, voir méditer, peut-être extrêmement bénéfique.

Il est aussi important de prévoir des activités qui vous font du bien et qui vous font plaisir et qui ont du sens pour vous.

"Le meilleur moyen de déconnecter, c'est de se connecter à autre chose", rappelle Jean-Christophe Villette.

Il s'agit déjà de retrouver une autonomie dans votre emploi du temps, c'est-à-dire de choisir comment vous organisez vos journées. "Que ce soit faire du sport, faire une activité créative... Le pire, ce sont les vacances passives, où on se laisse aller toute la journée ou alors où on subit le programme des autres", poursuit-il.

"Il faut choisir des activités qui vous font sortir de votre zone de confort, où vous allez découvrir autre chose,", recommande le psychologue.

"On sait que ça a un impact sur la créativité."

Enfin, un point très important est de passer du temps avec les personnes qui vous sont chères. "Prenez le temps de cultiver le lien essentiel avec les gens qui comptent pour vous, même si ces personnes habitent loin, c'est l'occasion d'avoir des échanges de qualité, même par téléphone", conseille Jean-Christophe Villette.

· Diriger son retour

Après des vacances bien méritées, lorsqu'il faut reprendre le chemin du bureau, il vaut mieux ne pas redémarrer à plein régime sans transition. "Un retour brutal au rythme de travail peut casser les effets bénéfiques des vacances", assure Jean-Christophe Villette.

"On ralentit, on étale ses rendez-vous dans le temps, on prend des moments de récupération entre les réunions."

Pour redémarrer du bon pied, il faut aussi pendre le temps de faire le point. "Sanctuariser une demi-journée à votre retour pour lire vos mails, les trier, prioriser, prendre conscience des enjeux", conseille-t-il. Selon lui, cela permet de programmer sa reprise et ne pas se faire submerger par le stress.

Par ailleurs, les bonnes pratiques des vacances peuvent toujours être appliquées. "Continuez les activités physiques, continuez à marcher, à respirer, à passer du temps avec vos proches."

Enfin, le spécialiste appelle aussi les employeurs à mettre en place les conditions qui permettent aux salariés de couper. Car même si le droit à la déconnexion a été consacré en 2016, toutes les entreprises ne le respectent pas.

Il plaide donc pour plus de clarté dans l'organisation. "C'est-à-dire communiquer sur l'organisation de la délégation, être clair sur les règles, s'interdire de contacter les collègues, ou si on leur envoie des mails pour le suivi, bien préciser qu'on n'attend pas d'eux qu'ils y répondent."

"Ne rien dire à quelqu'un qui part en vacances, c'est entretenir le flou et parfois laisser la personne avec sa culpabilité", conclut Jean-Christophe Villette.

Marine Cardot