Gagner moins d'argent pour pouvoir télétravailler: près d'un tiers des Européens seraient prêts à l'accepter (mais pas plus de 2,6% de perte en moyenne)

Dans les offres d'emplois, les entreprises n'hésitent pas à mettre en avant l'accès au télétravail. Parfois ce nouvel avantage peut peser dans la balance, malgré un salaire proposé peu attractif. Les salariés sont en effet de plus en plus attachés au télétravail, et ne sont pas prêts à y renoncer. En témoignent les récentes manifestations des salariés de la Société Générale, face à la réduction du home-office.
Certains salariés seraient même prêts à renoncer à une partie de leur salaire pour conserver cet avantage. C'est ce que montre une étude de la Banque centrale européenne (BCE), réalisée à partir des données de la Consumer Expectations Survey (grande enquête sur les attentes des consommateurs de la zone euro).
Ainsi, près d'un tiers (30%) des personnes interrogées* accepteraient une réduction de salaire pour télétravailler. 13% des répondants seraient prêts à une concession comprise entre 1 et 5% de leur rémunération, 8% accepteraient une réduction de salaire comprise entre 6 et 10%, et tandis 9% envisageraient de perdre plus de 10% de leur paie.
Une réduction de 2,6% en moyenne
En moyenne, les salariés seraient prêts à accepter une réduction de salaire de 2,6% pour continuer à télétravailler. Un chiffre nettement inférieur aux résultats obtenus par d'autres travaux de recherche. Une étude menée aux États-Unis (Barrero et al. 2021) évoquaient le chiffre de 7% de réduction. Une autre, en Allemagne cette fois (Nagler et al. 2024), assuraient que les salariés étaient prêts à renoncer à 7,7% de leur salaire pour travailler en full-remote (100% télétravail) et à 5,4% pour télétravailler deux jours par semaine.
Un des enseignements de l'étude est que les résultats varient en fonction du mode de télétravail. Les salariés en full-remote sont ceux qui sont prêts à faire le plus grand sacrifice pour préserver leur condition (4,6% de salaire). En revanche, ceux qui télétravaillent actuellement un jour par semaine n'accepteraient qu'une baisse de salaire de 1,6%. Ces chiffres comprennent également les salariés qui n'accepteraient aucune baisse.
"Cela suggère que, même si la plupart des employés sont peu disposés à renoncer à leur salaire pour travailler à domicile, il s'agit d'un avantage non salarial précieux pour certains", notent les auteurs de l'étude.
Les jeunes, les parents...
Par ailleurs, ceux qui sont plus à même d'accepter une baisse de salaire pour conserver leur droit au télétravail sont: les jeunes, les parents ayant des enfants à charge, et les salariés qui habitent loin de leur travail. En revanche, le revenu, le niveau d'éducation et le sexe semblent avoir peu d'impact sur l'appréciation que les employés accordent au télétravail.
Toujours selon cette étude, le télétravail hybride reste l'option la plus courante et privilégiée. En 2025, 55,7 % des salariés ne télétravaillaient pas du tout, 11,9 % environ un jour par semaine, 21,9 % entre deux et quatre jours par semaine ("télétravail hybride") et 10,6 % cinq jours ou plus par semaine.
*En mai 2025, il a été demandé aux répondants de l'enquête de supposer que leur employeur n'autorisait pas le télétravail et d'indiquer le niveau de réduction de salaire qu'ils seraient prêts à accepter (en pourcentage de leur salaire actuel) en échange de la possibilité de télétravailler deux ou trois jours par semaine.