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Emploi

Salaires des cadres: l’écart homme/femme ne se réduit pas

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Dans ses dernières études annuelles, publiées aujourd’hui, l’Association pour l'emploi des cadres (APEC) souligne le creusement des inégalités de genre dans la rémunération des cadres. Les jeunes souffrent aussi de la conjoncture.

"Malgré leur représentation et la mise en place de nombreux dispositifs permettant de lutter contre les inégalités femmes - hommes, les disparités salariales entre les femmes et les hommes cadres peinent à se résorber", assène l’APEC. L’écart se chiffre à 15% en 2020, avec un salaire médian brut à 53 000 € pour les cadres masculins, contre 46 000 pour leurs homologues féminines. C’est plus qu’en 2019 (13% d’écart, 52 contre 46 000). Depuis 2009 – date du premier baromètre – l’écart fluctue entre 13 et 19%.

A profil identique, la différence stagne à 8%. Un chiffre également stable sur dix ans. Mais les femmes cadres sont plus jeunes en moyenne (44% de moins de 40 ans contre 37% chez les hommes), occupent des postes moins prestigieux, et choisissent des filières moins rémunératrices, comme les ressources humaines, la communication ou le médico-social.

"La situation familiale, la parentalité, la discrimination à l’embauche, l’éligibilité aux postes à responsabilité" compliquent aussi l’égalité salariale, explique l’association. Conséquence, en fin de carrière, les femmes cadres sont particulièrement mal représentées parmi les plus hauts salaires: 10% gagnent plus de 72 000 €, contre 22% chez les hommes.

Reste que les tendances sont stables, affirme l’APEC, alors que la crise sanitaire laissait craindre une augmentation nette des inégalités salariales.

Impact indirect de la crise

Le sondage réalisé auprès de 13 800 cadres, en mars 2021, ne laisse apparaitre qu’en filigrane les stigmates de la pandémie sur l’emploi: les femmes sont plus nombreuses à avoir télétravaillé "de façon intensive" en 2020, soit au moins 3 jours par semaine (entre 55 et 63% contre 52 à 58%), et une faible part d’entre elles a pu bénéficier d’un bureau à la maison.

Elles sont ainsi 55% à estimer avoir eu du mal à " équilibrer la vie privée et professionnelle", contre 43% chez leurs collègues masculins. Priorités pointées par les femmes face à ces problématiques nouvelles, la mentalité des managers (56%) et les niveaux de rémunération (37%).

Car au-delà des difficultés liées aux confinements, les femmes sont aussi lésées sur leurs perspectives de carrière: 35% des femmes cadres a obtenu une augmentation, contre 40% des hommes.

Inégalités accrues

L’APEC relève d’ailleurs l’augmentation globale des inégalités au sein des cadres. 38% seulement ont été augmentés, et les plus fragiles sur le marché de l’emploi, les plus jeunes, ont connu une baisse de leurs salaires (-2,5%). La faute à des offres d’emplois moins bien rémunérées que la moyenne des cadres en poste.

Surtout, comme le relève Gilles Gateau, directeur général de l’APEC, "les rémunérations variables n'ont pas baissé autant qu'attendu". Les cadres les plus concernés par les primes, et ceux capables de changer de poste sans période de chômage, sont les grands gagnants de la pandémie. Le dirigeant de l’APEC appelle désormais à une attention accrue de la part des entreprises: "en 2021, à la faveur de la reprise avec des recrutements de cadres qui reviennent au niveau d'avant-crise, les entreprises devront faire évoluer leur politique salariale pour plus d'équité."

Valentin Grille