Réforme du travail : dernier jour possible de négociations

La taxation des contats courts, voulue par les syndicats, n'a toujours pas été abordée. Ce vendredi soir, tout sera remis entre les mains du gouvernement - -
Des avancées, mais toujours pas d’accord. Les négociations sur la réforme du marché du travail, qui doivent s’achever au plus tard ce vendredi soir selon la deadline fixée par le président de la République, n’ont toujours pas abouti. Un ultime rendez-vous entre patronat et syndicats est donc fixé ce vendredi matin à 9h30, pour trouver un compromis.
Le dernier projet patronal, remis jeudi, n'ouvrait toujours pas la porte à la taxation des contrats courts, posée comme condition par les syndicats. Quelques concessions ont toutefois été faites, mais elles restent insuffisantes aux yeux des syndicats : suppression d'un article polémique sur la création d'un « CDI de projet » de 9 mois minimum et réduction du délai de mise en œuvre de la généralisation d'une complémentaire santé pour les salariés, qui passe de 4 à 3 ans.
« Eviter l’utilisation abusive des contrats courts »
Négociateur de la CFDT, Patrick Pierron, reconnaît qu’il « y a eu des avancées, sur une complémentaire santé généralisée pour tous les salariés à partir de janvier 2016 », mais qu’il reste encore des points de blocage : « On n’a pas complètement avancé sur un encadrement des temps partiels subis… Et enfin, il y a un sujet : comment on fait dans ce pays pour éviter l’utilisation abusive des contrats courts ? On aimerait au moins en discuter, et de toute façon on veut des éléments concrets dans l’accord sur ce sujet. Et ça, on ne l’a pas encore abordé, et il ne reste plus qu’une journée ».
« Il faut laisser du temps au temps »
Patrick Bernasconi, chef de la délégation patronale, considère lui aussi que les négociations sont sur la bonne voie. « Tout le monde est toujours autours de la table, ça montre que les choses avancent. La journée a bien sûr été longue, compliquée, très technique, mais il y a eu beaucoup d’avancées de part et d’autres. Nous allons nous revoir, un nouveau texte sera sur la table, qui j’espère sera celui d’un accord interprofessionnel. En tout cas on va y travailler, et on a encore quelques arbitrages à faire. Il faut laisser du temps au temps, chaque détail est important, chaque mot l’est, c’est le jeu habituel ».
« Encore une journée de surplace »
Mais certains syndicats commencent à être exaspérés. C’est le cas de FO dont le négociateur, Stéphane Lardy, ne voit toujours pas le bout du tunnel. « Encore une journée de surplace. Ça commence à faire vraiment beaucoup. Tous les éléments de flexibilité et de précarisation du travail restent. Mais il y a peu d’éléments de sécurisation de l’emploi. On ne peut pas attendre de cette négociation ce que propose le patronat en ce moment. Arrêtons de nous faire lanterner depuis trois mois, en disant "ne vous inquiétez pas, vous aurez quelque chose sur les contrats courts". C’est une méthode de négociation complètement ringarde ».
« Renchérir le coût du travail »
« Il y aura quelque chose sur les contrats courts, sinon on ne se reverrait pas, chacun le sait, estime pourtant Joseph Thouvenel, vice-président de la CFTC. Maintenant il faut que ce soit quelque chose qui soit suffisant, pas de la poudre aux yeux, il faut que ça pèse pour les CDD de confort des entreprises. Pas les vrais, pas ceux pour les remplacements de congé maternité, par pour les vendanges, d’accord, mais ceux qui sont pour des entreprises qui ont des emplois fixes et pérennes. Il faut les faire diminuer, et la meilleure solution, c’est de renchérir le coût du travail ».