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Emploi

Le savon de Marseille menacé

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Le savon de Marseille est menacé par la concurrence étrangère, qui peut utiliser l’appellation sans contrôle. L’une des dernières savonneries de la ville est en redressement judiciaire, et son PDG en appelle à l’Etat sur RMC.

La prochaine fois que vous vous laverez avec un savon de Marseille, dites-vous qu’il n’a peut-être de marseillais que le nom. L’appellation n’est en effet pas déposée, et n’importe quel savon peut aujourd’hui revendiquer le nom. Le Fer à Cheval, maison fondée en 1850 et l’une des trois dernières entreprises marseillaises à le produire de façon industrielle (contre 90 au début du XXe siècle), est en redressement judiciaire. 10 employés sur 30 ont déjà été licenciés, et son PDG a lancé une pétition en ligne pour tenter de sauver son activité.

« Ni les vertus, ni l’origine, ni les qualités du produit historique »

« L’appellation est tombée dans le domaine public, c’est ce qui fait le grand malheur des producteurs locaux, regrette Bernard Demeure, le PDG de Fer à Cheval. On est face à des produits d’importation qui viennent du monde entier, le consommateur pense que c’est un produit typiquement local, alors que ce n’est plus du tout le cas. Ni les vertus, ni l’origine, ni les qualités du produit historique ne sont conservées ». Aujourd’hui, le chef d’entreprise en appelle à l’Etat. « J’aimerais que soit reconnue au moins une appellation géographique de provenance. Si la société que je dirige doit arrêter son activité de savonnerie, le savon de Marseille "Made in Marseille" est définitivement perdu ».

« On aurait dû protéger la marque »

Pourtant, le savoir-faire local est indéniable. Au-dessus d’un immense chaudron fumant, Michel, maître-savonnier depuis 30 ans, raconte sur RMC sa recette : « De l’huile d’olive, de la soude, tout dans le chaudron à l’ancienne. Et tout ça, je le fais travailler une bonne semaine ».
Garo Hovsepian, le maire PS de secteur où se trouvent les dernières savonneries, estime qu’on paye maintenant « une erreur du passé, on aurait dû protéger la marque. Il faudrait peut-être mutualiser les efforts, les compétences et le dynamisme pour que le savon de Marseille retrouve toute sa place, à la fois industrielle et culturelle ». Mais pour obtenir son indication géographique de provenance, le combat risque d’être long : elle ne peut être imposée qu’au niveau européen.

Mathias Chaillot avec Lionel Dian