Homéopathie: les salariés de Boiron plaident leur cause en écrivant à l'Élysée

La direction de Boiron martèle qu'un déremboursement total de l'homéopathie pourrait l'obliger à supprimer jusqu'à la moitié de ses emplois en France, soit 1300 postes sur un total de 2600. - Philippe Desmazes-AFP
L'inquiétude monte chez les salariés des laboratoires Boiron, qui redoutent le déremboursement des produits homéopathiques fabriqués par leur entreprise. Une telle décision serait "un non-sens économique pour la France" et générerait pour les salariés de Boiron "une perte de pouvoir d'achat et une grande précarité. Pourquoi vouloir mettre à terre une entreprise française florissante?", s'interrogent les salariés dans une lettre remise symboliquement à 2000 exemplaires à l'Élysée par les trois représentants de l'intersyndicale de Boiron (CFDT, CFE-CGC et FO).
Ils n'ont toutefois pas été reçus par des conseillers du chef de l'État comme ils l'espéraient initialement, a précisé Vincent Mounier, délégué FO au sein du groupe qui précise que cette action symbolique "n'a pas été téléguidée" par la direction des laboratoires Boiron.
60% de l'activité en France
La direction de Boiron martèle depuis des mois qu'un déremboursement total de l'homéopathie pourrait l'obliger à supprimer jusqu'à la moitié de ses emplois en France, soit 1300 postes sur 2600. Car le chiffre d'affaires du groupe dépend à près de 60% du marché français, et les deux tiers de ses ventes françaises provenaient l'an dernier de produits remboursables.
Habituellement très discrets, les salariés et syndicats de Boiron ne s'étaient pas immiscés jusqu'à présent dans le débat sur l'homéopathie, dont l'efficacité n'est pas reconnue au sein du corps médical et chez les scientifiques.
Dans un avis provisoire sur la question transmis il y a dix jours aux trois laboratoires concernés (Boiron, Lehning et Weleda), la Haute Autorité de Santé (HAS) a émis une recommandation "défavorable" au maintien du remboursement des produits homéopathiques. La HAS doit rendre d'ici fin juin un avis définitif à la ministre de la Santé Agnès Buzyn, laquelle s'est engagée à suivre les recommandations de cette institution qu'elle avait saisie sur la question en août 2018.