Hauts-de-Seine : une femme de 94 ans expulsée de sa maison de retraite

Une femme de 94 ans a été expulsée de sa maison de retraite des Hauts-de-Seine et déposée aux urgences, après un an et demi de loyers impayés. Le responsable de l’établissement a accepté de la reprendre, et rejette la faute sur ses enfants.

Elle ne pouvait plus payer, elle a été expulsée… de sa maison de retraite. Une femme de 94 ans a été mise à la porte d'une résidence médicalisée de Chaville, dans les Hauts-de-Seine où elle vivait, en raison de loyers impayés.
La direction de l’établissement s'est contentée de payer une ambulance à sa pensionnaire indésirable jusqu'au dernier domicile connu de son fils, dans l'Eure-et-Loir, tout en précisant au chauffeur que « si la porte était close, d’aller aux urgences de l’hôpital de Châteaudun ». Et entre-temps, en effet, le fils avait déménagé : c'est donc l'hôpital de Châteaudun qui a recueilli la vieille dame.
Selon la ministre chargée des Personnes âgées, Michèle Delaunay, la maison de retraite qui a expulsé la nonagénaire a agi « en violation du droit et de la dignité humaine ». « Une personne vulnérable a été expulsée sur décision du directeur à la veille d'un week-end, en période hivernale », a-t-elle souligné lundi, rappelant que la chambre d'un résident « est son domicile, sur le plan légal ». « Tous les feux sont au rouge », a-t-elle estimé. La préfecture des Hauts-de-Seine a saisi lundi matin l'Agence régionale de santé (ARS) pour enquêter sur l'expulsion de cette dame de 94 ans de sa maison de retraite privée à but lucratif à Chaville (Hauts-de-Seine).

« Les enfants ont abandonné leur mère »

Laurent Boughaba, le responsable de l'établissement, reconnaît « un geste maladroit ». « Son contrat est venu à terme, elle a été raccompagnée chez ses enfants, ils n’étaient pas là. La seule solution, pour l’infirmière en poste, a été de dire de s’adresser aux urgences. Tout ça s’est passé un vendredi en fin de journée, le directeur de la maison n’était pas sur place, donc la décision n’a pas dû être prise comme il faut ». Mais le responsable n’entend pas porter toute la responsabilité de l’affaire sur ses épaules pour autant : « Les enfants ont abandonné leur mère, cette dame a les moyens de payer sa maison de retraite, mais malheureusement ces moyens n’arrivent pas sur le compte de la dame ». Un an et demi, maintenant, que la pensionnaire ne payait plus. Pour autant, le directeur a accepté de reprendre la vieille dame en attendant que son fils, en vacances dans le sud de la France, ne vienne la chercher.

Mathias Chaillot avec Guillaume Robelet