Face au contexte anxiogène, les envies de démission des Français s'éteignent

Il est bien loin le temps de la "grande démission", cette tendance observée dans certains pays au sortir de la période Covid qui s'est caractérisée par un dynamisme fort du marché du travail. Alors que le contexte économique et géopolitique devient de plus en plus tendu, les salariés jouent désormais la carte de la sécurité et de l'attentisme.
En France, selon une étude* réalisée par la plateforme de recrutement Indeed et CensusWide, 23% des salariés interrogés souhaitent actuellement changer d’emploi contre 40% en 2022. L'intention est néanmoins un peu plus marquée chez les 25-34 ans et les 35-44 ans avec 26%.
On note également d'importantes différences entre les femmes et les hommes. Les premières "sont plus sujettes à l’anxiété à l'idée de recommencer à zéro dans une autre entreprise ou un autre secteur d'activité (23% contre 12% des hommes)", peut-on lire.
Elles sont également plus nombreuses (18% contre 15% chez les hommes) à s'inquiéter de l'impact d'une telle décision dans leur équilibre vie professionnelle/vie personnelle.
Craintes de perdre ses acquis
Outre le contexte anxiogène, la crainte générée par la démission demeure un frein. "Plus d’un tiers des salariés craignent de quitter leur poste, potentiellement à cause de leur étiquette junior ou senior, les 25-34 ans (47%) et les 45-54 ans (48%) ont davantage d’inquiétudes quand il s’agit de quitter leur emploi", peut-on lire.
Les hommes (19% contre 16% des femmes) et les plus de 55 ans sont davantage concernés par la perte de leur ancienneté ou de leur statut acquis.
Les plus de 55 ans craignent également de se retrouver au chômage à cause d’une période d'essai non validée (22%). Les jeunes entre 16 et 24 ans, eux, "ont plutôt peur de l'échec dans un nouveau rôle ou un nouvel environnement (19% contre 15% en moyenne)".
Le nombre de démissions en baisse sur un an
"Cependant, si l’idée de la démission peut faire peur, et si une majorité de salariés Français n’en ressentent pas l’envie actuellement , trois quarts d’entre eux reconnaissent qu’ils seraient prêts à franchir le pas s’ils en ressentaient le besoin", indique l'étude.
Les statistiques officielles confirment le ralentissement sensible des démissions en France (postes en CDI). Selon les chiffres de la Dares, on en a comptabilisé 481.900 au troisième trimestre 2024 (dernier chiffre connu), contre 507.000 au troisième trimestre 2023.
Si on ajoute les ruptures anticipées autorisées d’un CDD, le chiffre est passé de 557.000 au troisième trimestre 2023 à 529.000 pour la même période de 2024.
*L’étude "La démission et les raisons de quitter un emploi" réalisée pour Indeed en partenariat avec Census Wide a été réalisée auprès de deux échantillons: un échantillon de 1.000 salariés français et un échantillon de 1.001 répondants de 25 ans et plus responsables du recrutement en France. Les données ont été collectées entre le 12 et le 18 février 2025.