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Emploi

Déficit de la Sécu : vers un effort des retraités ?

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Le déficit du régime général devrait atteindre 14,7 milliards d’euros. Pour le combler, les retraités pourraient être mis à contribution, un travailleur pauvre payant davantage de CSG qu'un retraité aisé.

Pour Didier Migaud, premier président de la Cour de comptes, qui présentait son rapport annuel sur le déficit de la sécurité sociale ce jeudi, « aucun de nos voisins européens n'accepte un tel déficit de ses comptes sociaux ». Le déficit 2012 du régime général devrait être supérieur à celui prévu il y a un an : 14,7 milliards d'euros contre les 13,8 milliards prévus par l'ancien gouvernement. Les deux plans de rigueur successifs du gouvernement Fillon n'auront donc pas réussi à le faire passer sous la barre des 14 milliards et le budget rectificatif estival du gouvernement Ayrault n'empêchera pas le fameux "trou de la Sécu" de se creuser toujours plus. Les efforts pour réduire les déficits doivent être important, explique la Cour des comptes, ils passent par une plus grande maîtrise des dépenses et une réduction des niches fiscales.

Mise à contribution des retraités

Coté économie par exemple, une meilleure maîtrise des remboursements des transports médicaux est souhaitée. Le transport de patient, c’est une enveloppe de 3,5 milliards chaque année et une économie possible de 450 millions si on limite la fraude. En effet, certains taxi facturent un aller-retour, alors qu'il n'ont fait qu'un aller, ou encore l'utilisation d'une ambulance, pour un patient qui aurait pu circuler en véhicule plus léger. D’autres économies sont envisageables sur les indemnités journalières pour maladie ou encore les charges sociales des médecins.
Coté ressources : principale proposition concerne les retraités. Ils doivent être mis à contribution, estime la Cour des comptes. Les ristournes d'impôts et de charges accordées aux retraités (quatre fois la facture de la TVA réduite dans la restauration) sont estimés à 12 milliards d’euros par an pour les finances publiques. La grande inégalité concerne la CSG : en France, un travailleur pauvre paye davantage de CSG qu'un retraité aisé. Pour la Cour, il y a donc urgence à réexaminer ces dispositifs.

« Je vois pas en quoi je remettrai la main à la poche »

Harmoniser le taux de CSG des retraités et des actifs est une vieille idée. Ce serait une économie d'un milliard 200 millions d’euros par an. « Oui, bien sûr que je peux payer 0,9% en plus, mais pourquoi, qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai fait que travailler pendant 45 ans. Je vois pas en quoi je remettrai la main à la poche », explique Jacques, artisans retraité. Pourtant, tous ne sont pas sur la même ligne, George, à la retraite, était médecin : « Les retraités touchent des allocations plus importantes que les salaires de leurs enfants qui n’augmentent pas. J’ai largement cotisé mais je souhaiterai vraiment qu’on me taxe pour une société plus solidaire ». La CFDT retraite est sur la même ligne, plusieurs associations de senior en avait la demande au précèdent gouvernement. Pour Claude Le Pen, économiste de la santé, cette contribution, ce serait la logique : « C’est une mesure de justice sociale : faire disparaitre une petite niche. Il ne faut pas trop regarder cette vieille image du retraité pauvre indigent…ça ne correspond plus à la réalité ». Le montant moyen des pensions s'élève aujourd'hui à 1350 euros, une augmentation de 8% en six ans.

La Rédaction avec T. Chupin