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Covid, management, télétravail… Ce qui a changé (ou pas) 5 ans après le premier confinement

Cet écran portable est parfait pour le télétravail, son prix baisse enfin

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Cinq ans après le premier confinement, le télétravail s'est normalisé dans certaines professions, sans pour autant que les pratiques managériales et l'organisation du travail ne soient repensées en profondeur.

Le Covid a-t-il transformé le management radicalement et durablement? La réponse est plutôt non, à en croire le président du cabinet de conseil en ressources humaines Topics Bruno Mettling.

Il y a cinq ans, la France entrait en confinement et un certain nombre de salariés découvraient le télétravail. Une pratique qui a perduré au-delà du Covid. Aujourd'hui, 22% des salariés français télétravaillaient au moins une fois par mois, selon l’Insee et la Dares, contre seulement 4% en 2019.

Selon Bruno Mettling, de bonnes pratiques ont émergé pendant le confinement. "On a fait confiance, on a délégué, on a allégé les processus à l’intérieur des entreprises", se souvient-il.

"On a espéré que cette dynamique pourrait perdurer mais en réalité dans le quotidien, c’est le retour au monde ancien", regrette-t-il sur BFM Business.
Le télétravail a-t-il pris trop de place dans nos vies ? - 06/03
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Une "occasion ratée"

L'ancien DRH d'Orange estime que les entreprises sont restées "très hiérarchiques et pyramidales" et qu'elles continuent à se caractériser par "une culture du présentéisme, contrairement aux pays scandinaves".

Selon lui, le problème est surtout que les managers n'ont pas pu évoluer. "Ils ne sont pas assez formés, ils croulent sous les démarches administratives", pointe le spécialiste, qui parle d'une "occasion ratée".

"Ils n'ont pas de temps d’accompagner les équipes."

Selon le chef d'entreprise Raphaël Maisonnier, le télétravail a compliqué la tâche des manageurs, qui ont plus de mal à prendre de pouls au sein de leur équipe. "Il y a toute une partie des signaux faibles qui ont disparu. Quelqu’un qui arrive le matin avec une mauvaise mine, on ne le voit plus. Quelqu’un qui traîne des pieds, qui soupire, tout ça disparaît", explique-t-il au média spécialisé Courrier Cadres.

D'où la nécessité de bien aménager et adapter le fonctionnement de l'équipe à distance, ce qui, globalement, n'a pas été le cas selon Bruno Mettling. "On est plutôt dans une juxtaposition de moments de présence et de moments en télétravail, plutôt que dans l'avènement du fameux travail hybride, où on aurait repensé l’organisation du travail", explique-t-il.

Vers un retour au bureau?

Même si les études réalisées jusqu'ici ne permettent pas d'établir un lien entre perte de productivité et télétravail, on observe un mouvement de retour au bureau, notamment aux États-Unis où plusieurs entreprises ont rappelé leurs salariés sur site.

En France, la direction de Renault a par exemple réduit le télétravail de 3 à 2 jours par semaine. Ubisoft veut également imposer trois jours de présentiel par semaine à ses 4.000 employés en France, ce qui a provoqué le départ d'un mouvement de contestation fin 2024.

Cela ne signifie pas pour autant la mort du télétravail. "On ne voit pas d'entreprises qui veulent arrêter complètement le télétravail en France, mais plutôt un ajustement du nombre de jours télétravaillés", explique la présidente de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines Audrey Richard à franceinfo.

En tout cas, les télétravailleurs ne semblent pas vouloir renoncer au travail à distance. Selon une étude de l'Apec, la moitié des cadres se disent prêts à démissionner si leur entreprise abandonnait le télétravail.

Marine Cardot