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Comment expliquer le bond du chômage chez les chefs d'entreprise?

Des personnes se tiennent au comptoir d'une agence Pôle Emploi le 8 février 2022 à Bordeaux (France)

Des personnes se tiennent au comptoir d'une agence Pôle Emploi le 8 février 2022 à Bordeaux (France) - Philippe LOPEZ © 2019 AFP

Selon une étude, plus de 25.000 patrons ont perdu leur emploi au premier semestre 2023, soit une hausse de 36,6% sur un an.

Plus que le chiffre, c'est la tendance qui inquiète. Entre janvier et le 31 juin, le nombre de chefs d'entreprise se retrouvant au chômage a bondi de 36,6% sur un an. Cela concerne exactement 25.296 personnes selon une étude* du cabinet Altares et de GSC (Garantie Sociale du Chef d’entreprise).

Si les entrepreneurs à la tête de petites structures (moins de 5 salariés), représentent près de 9 pertes d’emploi sur 10, le nombre de chefs d'entreprise de plus de 20 salariés ayant perdu leur emploi a doublé au premier semestre, sur un an. On observe également une plus forte présence des patrons d'entreprises de grande taille (plus de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires) avec là encore une augmentation annuelle de plus de 100%.

"Près de 140 chefs d’entreprise perdent désormais leur emploi chaque jour. Après une année 2022 qui nous alertait déjà sur la reprise des défaillances d’entreprise, cette accélération observée sur les premiers mois de l’année 2023 doit nous inciter à la plus grande vigilance", commente Anthony Streicher, président de l’association GSC.

Point inquiétant, l’âge médian des entrepreneurs impactés s’établit à 45,9 ans ce qui pose la question du rebond professionnel. Mais l’Observatoire révèle également une forte évolution chez les jeunes dirigeants avec +40% chez les moins de 26 ans et +43% chez les 26/30 ans. "Ce qui pose la question de l’accompagnement de ces jeunes chefs d’entreprise face au risque de perte d’emploi", souligne l'étude.

"C'est compliqué de rebondir quand on a plus rien dans le frigo et qu'il faut se reconstruire", explique ce lundi Anthony Streicher sur le plateau de BFM Business. "L'échec fait partie de la vie entrepreneuriale et il faut anticiper".

L'inflation comme moteur

Du côté des secteurs les plus touchés, ce sont les entrepreneurs de la construction (+50%) et du commerce (+47,2%) qui concentrent le plus de difficultés avec respectivement 5713 et 5614 dirigeants ayant perdu leur emploi au premier semestre.

"La situation se dégrade très nettement pour les professionnels du secteur de l’hébergement, restauration, débits de boisson avec 3470 pertes d’emploi (+65,9%). Ces secteurs ont été impactés par le contexte inflationniste qui a contraint les ménages à réduire leurs dépenses", souligne également l'étude.

"Le secteur des services aux particuliers (notamment les activités de coiffure, soins de beauté et corporels) est également fragilisé par la baisse des dépenses des ménages: 1152 chefs d’entreprise ont perdu leur activité professionnelle (+ 57,8% sur un an)", peut-on lire.

L’assurance et la finance n'échappent pas à cette tendance négative puisque ce sont les secteurs qui enregistrent la plus forte hausse de dirigeants ayant perdu leur emploi: +76,4% essentiellement des courtiers et des gestionnaires d'actifs.

"Tout le monde est concerné, l'immobilier, le commerce, la construction et [tous les secteurs] qui ont lien avec l'inflation, l'énergie, la rupture des matières premières ou les problèmes de recrutement", rappelle Anthony Streicher sur le plateau de BFM Business.

Les entrepreneurs franciliens sont les plus touchés

Géographiquement, sans surprise, l’Île-de-France est l’un des territoires les plus touchés avec 5468 entrepreneurs qui ont perdu leur emploi (+47,9% sur un an) soit 25% des pertes d’emploi en France.

Suivent la région Auvergne-Rhône-Alpes (2902 dirigeants à avoir perdu leur emploi, +57,6% sur un an), l’Occitanie (+55,3% à 2239) et la Nouvelle-Aquitaine (+56,6% à 2130). La Provence Alpes Côte d’Azur et l’Outre-Mer sont les territoires enregistrant la plus faible évolution avec respectivement +37,8% et +31,1%.

*Les données sont issues de l’analyse des entreprises, hors sociétés civiles et associations, placées directement, par conversion ou par résolution du plan en liquidation judiciaire par le Tribunal de Commerce ou Judiciaire. Ne sont pas intégrées les procédures de fermeture ou dissolution à l’amiable de même que les révocations des mandataires sociaux.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business