Assouplir le contrat de travail, une solution contre le chômage ?

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Le ministre du Travail Michel Sapin l’avait annoncé, Jean-Marc Ayrault l’a confirmé : le seuil symbolique des trois millions de chômeurs a été franchi en juillet, sans espoir d’amélioration à court terme.
Dans ce contexte, le ministre du Travail estime que le contrat actuel « n'est plus un contrat stable » et qu'il faut « revoir cela » avec les partenaires sociaux. Son objectif : « donner plus de sécurité de l'emploi ». La question d’un assouplissement du contrat de travail, à l'inverse, refait pourtant surface. Laurence Parisot, la présidente du Medef, l’avait redemandé lors de l’université d’été du mouvement patronal. « Nous demandons une souplesse, une simplification des procédures du droit du travail pour ajuster l’organisation de l’entreprise, éventuellement les effectifs, en fonction de la situation de l’entreprise, de la conjoncture d’une manière générale », avait-elle plaidé.
« Permettre à l’entreprise de ne pas licencier »
Pour Michel Cerdas, chef d’entreprise à Poitiers, la nécessité d'assouplir les contrats de travail « est une évidence ». Il emploie 35 personnes dans son entreprise de peinture et ne sait plus comment faire face à la crise. « Le contrat de travail assoupli, c’est, le jour où on a moins de travail, convoquer nos salariés, leur dire "au lieu de faire 35 heures, on ne va en faire que 25 et votre salaire va être en conséquence des heures travaillées. Ça va permettre à l’entreprise de ne pas licencier et vous garder". A l’inverse, quand il y a beaucoup de travail, on les remet aux heures auxquelles ils étaient avant, et on peut, pourquoi pas embaucher. »
« Enormément de moyens de contourner le CDI »
Secrétaire confédéral chargé de l'industrie à la CGT, Mohamed Oussedik estime au contraire que « les salariés ont besoin de beaucoup plus de sécurité de l’emploi ». Les contrats à durée indéterminée, tels qu’ils existent pour le moment, ne sont en aucun cas verrouillés, estime-t-il : « Il existe énormément de moyens de contourner le CDI. On voit que les premières victimes en temps de crise sont les salariés dans des emplois précaires et, évidemment, il y a ces fameuses ruptures conventionnelles. Donc l’argument "le contrat de travail est trop rigide" ne tient absolument pas ».