15 000 embauches à La Poste : pas suffisant pour les salariés

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La poste va embaucher. 15 000 créations de postes en 3 ans, c’est 5 000 de plus que ce qui était prévu, mais c’est loin de satisfaire de tout le monde.
Après les suicides sur leur lieu de travail de deux cadres en Bretagne, les 29 février et 11 mars, de deux cadres de l’entreprise, le PDG du groupe Jean-Paul Bailly avait lancé un "grand dialogue" et chargé une commission présidée par Jean Kaspar de faire un diagnostic et des propositions. Son diagnostic, c’est que la pression sur les effectifs est trop forte, et sa proposition, de plus embaucher.
« De plus en plus d’agents se retrouvent seuls dans les bureaux »
Sur le papier, la préconisation est alléchante et semble aller dans le bon sens. Les syndicats, pourtant, ont fait les comptes et crient au scandale. Avec actuellement environ 10 000 départs par an, les 5 000 embauches en parallèle ne viendront compenser qu’un employé sur deux. La « pression sur les effectifs » est donc, pour eux, loin d’être allégée.
Frédéric Retourney, de la CGT, raconte les difficultés qu’il voit au quotidien. « Il y a une suppression importante de bureaux de poste. Beaucoup de bureaux ont été transformés, de plus en plus d’agents se retrouvent seuls dans un certain nombre de bureaux, et au niveau des clients ce sont les files d’attente qui se sont accrues », regrette-t-il.
« Des cadres qui rentrent le soir complètement désespérés »
Administrateur CGT au groupe La Poste, Bernard Dupin voit au quotidien le malaise de ses cadres qui ne s’est toujours pas atténué. « Il y a vraiment une souffrance par rapport à leurs objectifs, l’absence de moyens pour les atteindre, l’absence de marge de manœuvre », s’inquiète-t-il. « Ça donne des directeurs d’établissement à qui on demande de faire tourner un bureau de poste avec un effectif réduit, ils n’arrivent pas à maintenir tous les postes de travail, donc ils sont en train de courir tous les jours pour voir comment ils peuvent mettre telle personne sur tel poste de travail, et moi je connais des cadres qui rentrent le soir complètement désespérés dans des situations très compliquées ».
« La charge de travail n’est plus répartie »
Au final, racontent les salariés rencontrés par les journalistes d’RMC, la pression est réelle, et les 15 000 embauches, face au nombre de départs en retraite chaque année, ne pourront pas y remédier. Claude, employé de la Poste, voit bien que la cadence est difficile à tenir : « Il y a une pression continuelle, des reports de congés ou l’impossibilité de les prendre, une charge de travail très lourde, des heures supplémentaires, beaucoup d’ailleurs pour la distribution et qui en plus ne sont pas payées. Avant, il y avait plusieurs guichets ouverts là où il n’y en a plus qu’un actuellement… Donc la charge de travail maintenant n’est plus répartie que sur une seule personne ».
Les postiers attendaient beaucoup du dialogue social mis en place en mars après le suicide de deux cadres du groupe, ils n’en sont donc apparemment pas satisfaits. Les rénovations de locaux promises sont loin de les contenter. Certains évoquent d'ailleurs un mouvement de grève.