EDITO. Le règne des irresponsables

Censure de Michel Barnier, et après? Marine Le Pen a appuyé sur la gâchette de la censure sans aucun plan alternatif, sans autre volonté que de masquer le réquisitoire de la justice dans l’affaire des assistants parlementaires.
A gauche, ce n’est pas mieux. Le Parti socialise porte une lourde responsabilité dans la crise qui arrive... Car sans lui, pas de possibilité de censure, même en cas d’alliance RN-LFI. Droite/gauche, c’est le règne des irresponsables à l’Assemblée.
Faut-il rappeler à François Hollande et son ancien secrétaire général adjoint à l’Elysée, Boris Vallaud, qui siègent aujourd’hui côte à côte sur les bancs de l’Assemblée, les efforts auxquels ils ont consentis avec Marisol Touraine pour réduire entre 2012 et 2017 le déficit de la Sécu de 10 milliards d'euros ?
Les mêmes qui, soumis à La France insoumise et sa promesse de faillite budgétaire, sont prêts aujourd’hui à voter l’abrogation de la réforme des retraites qu'ils ont eux-mêmes porté en 2014; et plonger, par la censure, le pays dans une “tempête économique et financière” selon les mots de Michel Barnier.
Les 24 heures du mensonge
Et que dire de Marine Le Pen, qui depuis des années cherche à s’inscrire dans une démarche de sérieux budgétaire, qui encore lundi a dénoncé “la dette et les déficits abyssaux laissés par Emmanuel Macron”, et qui s’apprête à abîmer encore davantage la situation du pays en ajoutant un peu plus de désordre au désordre.
Michel Barnier a pourtant accédé à quasiment toutes ses demandes: baisse des taxes sur l’électricité, durcissement de l’aide médicale d’Etat, mission sur la proportionnelle... Le Premier ministre a même accepté lundi de revenir sur le déremboursement des médicaments.
La veille encore, Marine Le Pen affirmait dans La Tribune Dimanche qu’elle n’attaquerait pas le gouvernement si “le gouvernement nous donne quitus sur la désindexation des pensions ou sur le non-remboursement des médicaments”. Une parole trahie en moins de 24 heures.
Les responsables ont disparu
Et croyez bien que le RN se moque éperdument de la revalorisation des retraites: son groupe avait envisagé de demander la suppression de l'abattement de 10% sur les retraités imposables, avant de retirer l’amendement. C’est dire la constance de leurs choix politiques.
Michel Barnier en a plusieurs fois appelé à la responsabilité hier. Quelle erreur. Les responsables ont quitté l’hémicycle de l’Assemblée depuis longtemps. Les dirigeants des groupes n’ont plus que les prochaines échéances électorales en tête: 2026 pour les municipales, et surtout 2027 pour la présidentielle.
Sauf à ce que Marine Le Pen réussisse son pari en poussant Emmanuel Macron vers la sortie beaucoup plus tôt que prévu. Mais ça, c’est une autre histoire.