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EDITO. Budget: Faut-il craindre le shutdown ?

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L'ÉDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. Michel Barnier alerte d'un risque de "tempête" si son gouvernement est renversé. Marine Le Pen affirme qu'il n’y a pas de risque de "shutdown" en cas de censure du budget. Qui a raison ?

La menace d'un "shutdown" à l'américaine a été brandie par certains membres de l’exécutif pour dissuader les oppositions de renverser le gouvernement. Mais en réalité, il y a toujours possibilité en cas de blocage de passer par l’article 47-1 de la Constitution. En gros, une loi spéciale qui passe par ordonnance pour répéter le budget précédent, le budget 2024 en l'occurrence.

La bonne nouvelle, c’est que ça permettrait de faire des économies puisque ce serait l’équivalent d’une année blanche, sans hausse des crédits. Et les fonctionnaires continueront d’être payés tout comme les soins continueraient d’être remboursés.

L’Edito de Raphaël Legendre : Budget, se dirige-t-on vers un shutdown ? - 27/11
L’Edito de Raphaël Legendre : Budget, se dirige-t-on vers un shutdown ? - 27/11
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La mauvaise nouvelle, c’est que cela provoquerait des hausses d’impôts notamment parce que le barème de l’impôt sur le revenu ne serait pas revalorisé de l’inflation, ce qui ferait entrer quelques centaines de milliers de ménages dans l’impôt, au risque d'un nouveau ras-le-bol fiscal.

Mais pas de shutdown, ni de faillite, ni de quoi que ce soit de tel. Les institutions, même poussées dans leurs derniers retranchements, sont solides en France.

La vraie menace, c’est celle brandie par Michel Barnier hier soir, c’est celle d’une crise financière. “S’il n’y a pas de budget, c’est extrêmement grave”, a-t-il dit. “Si je tombe, il y aura une tempête assez grave sur les marchés financiers.”

A-t-il raison ? Pas tout à fait. Je ne crois pas que les marchés financiers, qui adorent prêter de l’argent à la France, feront subir un stress à la grecque ou à l’italienne comme on a pu connaître en 2010.

Le pays conserve la capacité de lever l’impôt, il reste solvable, il est une valeur sûre pour les marchés.

L'écart franco-allemand au plus haut depuis 2012

Mais Michel Barnier n’a pas totalement tort non plus. L’instabilité politique, ça se price sur les marchés. Nous allons payer le prix de l’instabilité ... Et d'ailleurs, nous la payons déjà !

Hier, l'écart entre les taux d'emprunt français et allemand a atteint mardi son plus haut niveau depuis... 2012 : 86 points de base.

Une OAT 10 ans à 3,05 %, c'est pour la France le signe des craintes croissantes des investisseurs sur le vote du budget et l'avenir du gouvernement. On peut monter plus haut : le 1er juillet, au lendemain du premier tour des élections législatives, on était à 3,35 %.

Tout cela n'est pas de bon augure avant la notation de S&P vendredi. Pire, ce n’est pas non plus de bon augure pour la croissance qui n’était déjà pas réjouissante en 2025. Rien de pire que l’instabilité pour la bonne marche des affaires.

Raphaël Legendre