EDITO. Bayrou avait promis un conclave "sans totem ni tabou", il a surtout été "sans résultat" (et avec peut-être une censure)

Le Premier ministre François Bayrou lors d'une prise de parole le 24 juin 2025 à Matignon - BFMTV
François Bayrou a eu beau recevoir l’ensemble des participants mardi pour les conjurer de franchir le dernier mètre, aucun des syndicats ne souhaite remettre le couvert. Pas plus que les organisations patronales, qui négocient depuis quatre mois à titre gracieux... Pour rien, au final.
Le Premier ministre a promis de reprendre lui-même les derniers points de friction pour faire des propositions en fin de semaine. Mais qui a encore confiance en la méthode Bayrou?
En lançant le conclave, le Premier ministre avait promis aux syndicats une négociation "sans totem ni tabou", avant de fermer la porte à un retour à 62 ans quinze jours plus tard, provoquant la sortie de la CGT, de FO et de l’U2P.
Dans la dernière ligne droite des discussions, il a appelé à trouver un accord tout en affirmant que s’il n’y avait pas d’accord, il n’y aurait pas de texte à l’Assemblée. Une porte de sortie rêvée pour le patronat et l’Élysée, qui ne veulent surtout pas que l’on touche à leur réforme de 2023.
À trop jouer avec le feu, on finit par se brûler. La méthode Bayrou est en train de s’effondrer sur elle-même et de fragiliser le Premier ministre, désormais sous le coup d’une motion de censure du PS.
À force de manœuvrer, François Bayrou se retrouve dans la même position que son prédécesseur Michel Barnier. En perdant son flotteur gauche, il vient de réarmer le Rassemblement national. Un RN qui a dit qu’il ne censurerait pas sur les retraites. Mais faut-il vraiment le croire?
Jordan Bardella "ne s'interdit rien"
Jordan Bardella a déclaré hier à Impact PME qu’il "ne s’interdisait rien" concernant la motion de censure annoncée par le PS.
Autre point: si le Premier ministre veut passer l’automne et "l’Himalaya" du PLF 2026, c’est avec le RN qu’il va devoir négocier plutôt qu’avec le PS.
Sauf si, dans ce jeu de billard à trois bandes, le PS ne dépose cette motion que pour amuser la galerie, en sachant que le RN ne la votera pas, et négocie quelques mesures dans le budget 2026 qui pourraient lui servir à quelques mois des municipales, sa prochaine grande échéance politique.
Seule certitude: sans la clé du PS, les portes de Matignon pourraient se refermer plus rapidement que prévu pour François Bayrou.