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Union européenne

Un stock de 29 millions de doses du vaccin AstraZeneca découvert en Italie

Des doses de vaccin AstraZeneca

Des doses de vaccin AstraZeneca - JOEL SAGET © 2019 AFP

Ce stock découvert dans l'usine d'Anagni, correspond quasiment au nombre total de doses du vaccin AstraZeneca livrées à l'UE au premier trimestre. Des doutes subsistent sur leur destination finale. L'Elysée assure que "la question d'une interdiction se posera" si elles devaient être exportées.

Un nouveau rebondissement qui risque d'alimenter un peu plus la "guerre des vaccins". Selon nos confrères de L’Express et d’Europe 1, un stock de 29 millions de doses anti-Covid d’AstraZeneca a été découvert en Italie, plus précisément dans l’usine de mise en flacon d’Anagni, au sud-est de Rome.

Propriété du groupe américain Catalent, sous-traitant du laboratoire suédo-britannique, l’usine a été inspectée à la demande de la "task force" vaccination dirigée par le commissaire européen Thierry Breton, laquelle a entrepris de faire toute la lumière sur les quantités de doses réellement produites par AstraZeneca au sein de l’UE.

Et pour cause, le groupe pharmaceutique accusé de ne pas respecter ses engagements est dans le viseur de Bruxelles depuis plusieurs semaines. Alors qu’il avait initialement prévu de livrer 120 millions de doses à l’UE au premier semestre, des retards dans la chaîne de production ont bouleversé l’échéancier. Finalement, le bloc des 27 n’en aura reçu que 30 millions sur les trois premiers mois de l’année, soit à peine plus que le stock découvert en Italie.

Interrogations autour de l'usine d'Halix

En réalité, Bruxelles soupçonne AstraZeneca de réserver au Royaume-Uni des doses destinées à l’UE. L’usine néerlandaise du groupe pharmaceutique Halix, également sous-traitant du laboratoire, est notamment sous le feu des projecteurs depuis quelques jours.

Car ce site qui produit quatre à cinq millions de doses par mois n’a toujours pas reçu l’autorisation de l’Agence européenne des médicaments pour produire des vaccins destinés au marché européen. Or, Bruxelles assure qu’AstraZeneca est lui-même responsable de cette situation: le laboratoire ne se serait en effet pas pressé pour faire sa demande d’homologation. S’agit-t-il d’un retard volontaire visant à gagner du temps pour assurer la bonne livraison du marché britannique? C’est la question que se posent les dirigeants européens. De son côté, AstraZeneca affirme auprès de L’Express que "le dossier est en cours".

D’ailleurs, les doses découvertes à Anagni ont justement été produites dans l’usine d’Halix avant d’être envoyées en Italie pour la mise en flacon. Et Bruxelles craint qu’une partie voire l'intégralité de ce stock ne soit destinée au Royaume-Uni. Une enquête appronfondie devra le déterminer, mais si tel était le cas, il y a fort à parier que la Commission européenne ne laissera pas partir ces doses sans protester. "Si les doses de vaccin AstraZeneca découvertes en Italie devaient être exportées, la question d'une interdiction se posera", a réagi l'Elysée ce jeudi.

Ce mercredi, l'UE a par ailleurs annoncé un durcissement du contrôle des exportations de vaccins anti-Covid fabriqués sur son sol afin de faire pression sur AstraZeneca et le Royaume-Uni. Début mars, elle avait déjà bloqué l’exportation vers l’Australie de 250.000 doses produites à Anagni.

Un partage des stocks d'Halix avec le Royaume-Uni?

L’Union européenne est d’autant plus remontée qu’elle a déjà exporté 10 millions de doses de vaccin Pfizer au Royaume-Uni tandis qu’aucune dose n’a pour l’heure fait le chemin inverse. Mais face à la menace de Bruxelles de bloquer les exportations tant qu’AstraZeneca ne respecte pas ses engagements, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a tenté de calmer le jeu en se disant prêt à négocier pour partager les stocks de l’usine d’Halix avec les Européens.

Un signe d’ouverture d’autant plus nécessaire pour le dirigeant conservateur qui a été contraint d’annoncer il y a une semaine une première "réduction significative" des approvisionnements du Royaume-Uni à compter de la fin mars en raison de retards dans la production du Serum Institue en Inde.

Reste que les tensions entre Britanniques et Européens restent vives, près de trois mois après le Brexit. Et les récentes déclarations de Boris Johnson risquent de faire bouillir davantage à Bruxelles: "Mes amis, si nous avons réussi avec les vaccins, c’est grâce au capitalisme, grâce à la cupidité", aurait-il déclaré devant des députés. Avant de leur dire qu’il regrettait ces propos et de les prier de les oublier.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco