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Union européenne

Pêche post-Brexit: la France appelle à un front européen contre le Royaume-Uni

La France accuse le Royaume-Uni de ne pas respecter l'accord sur le Brexit.

La France accuse le Royaume-Uni de ne pas respecter l'accord sur le Brexit. - Charly Triballeau- AFP

La ministre de la Mer, Annick Girardin, a dénoncé la "mauvaise volonté" des Britanniques qu'elle accuse de ne pas respecter l'accord sur le Brexit en matière de pêche.

La ministre française de la Mer Annick Girardin a appelé ce mercredi les pays européens à opposer un front commun au Royaume-Uni pour demander des "mesures de rétorsion" conformément à l'accord post-Brexit, après les dernières décisions britanniques au sujet des licences de pêche.

"Je compte sur les autres pays européens pour demander la même chose que la France, parce que ce que vit aujourd'hui la France, d'autres le vivront aussi", a déclaré la ministre à l'issue d'une réunion de plus de deux heures avec les représentants des pêcheurs.

"Cette mauvaise volonté de la part des Britanniques, elle ne va pas s'exprimer que sur cette question-là", a-t-elle poursuivi, évoquant des "sujets techniques", la question des "plafonds hors quotas" de pêche. "On voit bien que sur tous les sujets, les Britanniques traînent les pieds." "On a tout intérêt à revenir au niveau européen" et à "demander ensemble à la Commission [européenne] de mettre en place les mesures de rétorsion prévues dans l'accord", a-t-elle martelé.

La France envisage des mesures de rétorsion

Dans la matinée, l'île anglo-normande de Jersey a annoncé l'octroi de 64 licences définitives à des bateaux français (contre 169 demandées par Paris) et le rejet définitif de 75 dossiers. La veille, Londres avait accordé 12 autorisations supplémentaires dans ses eaux, dans la limite des 6 à 12 milles nautiques de ses côtes (contre 87 demandées). Des décisions jugées "totalement inacceptables et inadmissibles" par le gouvernement français.

L'accord post-Brexit, conclu in extremis à la fin de l'année dernière entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition d'obtenir une licence, accordée s'ils peuvent prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir.

Outre cette riposte souhaitée au niveau européen, Annick Girardin a indiqué que l'ensemble des ministres avaient été invités par le Premier ministre à "identifier les mesures de rétorsion françaises" possibles. Elle a évoqué plusieurs pistes, sans en privilégier aucune: la "question énergétique", alors que les îles anglo-normandes sont dépendantes du continent, "l'accueil d'étudiants en France", "le ferroviaire", "les flux commerciaux".

La ministre a expliqué avoir demandé aux pêcheurs, très remontés, de lui "laisser 15 jours pour préparer toutes ces ripostes", répétant qu'il s'agissait avant tout de faire jouer la "solidarité européenne".

P.L. avec AFP