Pas de passage à 37,5 heures: le gouvernement espagnol échoue à faire adopter une baisse du temps de travail

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez lors d'un point presse le 5 novembre 2024 - OSCAR DEL POZO / AFP
Les députés espagnols ont rejeté, mercredi 11 septembre, un projet de loi prévoyant la réduction du temps de travail hebdomadaire, une des promesses phare du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui n'a pas de majorité parlementaire.
La proposition, qui visait à réduire la durée légale de la semaine de travail de 40 à 37,5 heures, a été rejetée par 178 députés contre 170 qui l'ont soutenue.
Porté par la ministre du Travail Yolanda Diaz, figure du parti d'extrême gauche Sumar, allié des socialistes au sein du gouvernement de Pedro Sánchez, ce projet de loi résultait d'un accord signé avec les deux principaux syndicats de salariés, UGT et CCOO, qui avaient appelé à manifester devant le Parlement lors du vote, mais sans les organisations patronales, opposées à la réforme.
Il devait concerner, selon l'exécutif, plus de 12 millions de salariés du privé, principalement dans les secteurs du commerce, de la restauration ou de l'agriculture. Les 37,5 heures sont déjà appliquées dans la fonction publique et dans la plupart des grandes entreprises.
L'impossibilité de le faire adopter illustre une nouvelle fois la position inconfortable de Pedro Sánchez, qui ne dispose pas de la majorité absolue au parlement et doit s'appuyer pour faire voter des textes sur plusieurs partis régionaux, dont les indépendantistes catalans de Junts per Catalunya, qui se sont opposés à ce texte.
Vers une nouvelle proposition
S'adressant au Parlement, Yolanda Díaz a assuré que le gouvernement allait "insister" et présenterait de nouveau cette proposition, en demandant aux députés de Junts "de rectifier" leur position pour ne pas se avoir à affronter "12,5 millions de travailleurs de notre pays" qui pourraient bénéficier de cette loi.
"Oui, nous allons perdre un vote", prévoyait-elle avant le scrutin. "Mais la réduction de cette journée de travail et l'augmentation des salaires sont déjà gagnées dans la rue. Nous avons déjà gagné, tout le pays veut que ce vote passe".
Mi-juillet, le gouvernement a déjà subi un revers cuisant lorsqu'il a tenté de faire adopter un ensemble de mesures visant à éviter une nouvelle méga-panne sur la péninsule ibérique comme celle que le pays a connu fin avril.
Autre coup dur pour le Premier ministre espagnol, ce revers sur la réduction du temps de travail survient en outre le jour où Begoña Gómez, sa femme, a été entendue de nouveau par un juge, dans une enquête la visant pour détournement de fonds publics.
Begoña Gómez est en outre mise en cause dans plusieurs autres dossiers et plusieurs autres proches du Premier ministre sont également visés par des enquêtes judiciaires embarrassantes, dont son frère, l'ex-N.3 du Parti socialiste, un ex-bras droit et ancien ministre de Pedro Sánchez, ou encore le procureur général espagnol, nommé sur proposition du gouvernement.