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Union européenne

Les acteurs économiques "s'étaient convaincus que l’inflation zéro était éternelle"

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Invité sur le plateau de BFM Business, l'ancien gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a réagi à l'annonce de hausse des taux de 75 points faite ce jeudi par Christine Lagarde.

L'ancien gouverneur de la BCE était invité à réagir, sur l'antenne de BFM Business, à l'annonce effectuée un peu plus tôt ce jeudi par Christine Lagarde. L'institution de Francfort a en effet choisi d'augmenter ses taux de 75 points de base, l'augmentation la plus forte jamais appliquée depuis 1999.

Interrogé sur la réaction jugée tardive de la BCE, Jean-Claude Trichet a souligné le "consensus mondial" qui a longtemps perduré concernant l'inflation et la politique monétaire à adopter.

"L’ensemble des opérateurs, des participants du marché, des économistes s’étaient convaincus que l’inflation zéro était éternelle et donc que les politiques accommodantes étaient éternelles", a-t-il affirmé sur le plateau de Good Evening Business.

Et de poursuivre: "sortir d’un consensus mondial de ce genre n’est jamais facile". "L’ensemble des banques centrales des pays avancés ont en effet eu de la peine à percevoir que l’on changeait de monde", a-t-il aussi admis.

"Ce n'est jamais facile de voir qu’on change réellement de monde et qu’après dix ans de politique ultra accommodante et d'efforts désespérés pour avoir un peu d'inflation on entre dans une zone complètement différente", a-t-il développé.

Distinction entre inflation apparente et sous-jacente

L'ancien patron de la BCE a également rappelé la nécessité de distinguer "l’inflation apparente" et "l’inflation sous-jacente". "L'inflation apparente incorpore énormément de prix de l'énergie du gaz du pétrole et aussi de prix agricole", a-t-il rappelé. Et de préciser: "et là ça monte et ça descend, ça ne monte pas éternellement".

"L'inflation sous-jacente, elle, ne dépend pas directement des prix du pétrole, des prix agricoles ; elle signale une certaine inflation durable, persistante", a-t-il précisé. C'est, selon l'ancien gouverneur, ce qui a permis la BCE de conclure à une confirmation de la menace inflationniste.

Enfin, Jean-Claude Trichet a jugé qu'il y avait un problème de "modèle économique", estimant que les modèles utilisés par la BCE "ne (rendaient) pas compte des périodes de transition rapide'.

Nina Le Clerre