Le gouverneur de la Banque de France estime que la BCE a encore de la marge pour baisser ses taux

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau donne un coup de fil en marge de la réunion des ministres des Finances du G7 à Stresa, le 24 mai 2024. - GABRIEL BOUYS / AFP
Le gouverneur de la Banque de France a suggéré ce mardi de nouvelles étapes dans l'assouplissement de la politique monétaire en zone euro, où il existe à ses yeux une "tendance solide" à la désinflation.
Les droits de douane brandis par le président américain Donald Trump notamment à l'encontre de produits européens "ne devraient pas avoir d'effet inflationniste significatif dans la zone euro" et bien moins qu'aux États-Unis, c'est pourquoi "il reste de la marge pour poursuivre l'assouplissement" des taux d'intérêt, a déclaré François Villeroy de Galhau dans une interview au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Il existe une "tendance solide à la désinflation" en Europe, explique le banquier central, qui siège dans l'instance de décision monétaire de la Banque centrale européenne, tandis que le taux d'inflation, de 2,3% en février, se rapproche de la cible de 2% visée par la BCE.
Un cycle d'assouplissement "ni terminé ni automatique"
La BCE a baissé ses taux à six reprises depuis juin 2024 en raison d'une inflation ralentie depuis le pic en 2022 suite à la guerre russe en Ukraine et d'une croissance économique plus faible qu'attendu, nécessitant de soutenir la consommation et les investissements. En France, le taux d'inflation est même "exceptionnellement bien au-dessous de 2%, à 0,9 %, en raison d'une forte modération des salaires", insiste-t-il.
François de Galhau, sans aller jusqu'à annoncer une nouvelle baisse des taux lors de la prochaine réunion de politique monétaire en avril, rejoint l'avis d'autres banquiers centraux, dont Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE, qui s'est dit cette semaine favorable à une poursuite de la réduction. Dans un monde qui reste "extrêmement incertain", notamment à cause du caractère "imprévisible" de la politique américaine, "le cycle d'assouplissement n'est ni terminé ni automatique", a dit le gouverneur.
La BCE devra se décider en usant d'un "pragmatisme agile" qui s'appuie sur les données disponibles et prévisionnelles, argue-t-il. "Aujourd'hui, les marchés s'attendent à un taux d'intérêt de la BCE d'environ 2% cet été. C'est un scénario possible, étant donné que l'été en Europe dure de juin à septembre...", assure-t-il.