L'UE soupçonne l'entreprise ferroviaire espagnole Renfe de pratiques anticoncurrentielles

Train Renfe - Renfe
Bruxelles a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête pour déterminer si la compagnie de chemins de fer Renfe a abusé de sa position dominante en Espagne, en refusant de fournir des données aux plateformes concurrentes de vente de billets en ligne.
Suspicion de refus d'accès à ses données
La Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l'UE, "craint que Renfe n'ait restreint la concurrence sur le marché espagnol des services de billetterie ferroviaire en ligne en refusant de fournir aux plateformes tierces des contenus complets sur sa gamme de billets et de réductions, ainsi que des données en temps réel (avant le voyage, pendant le voyage ou après le voyage) relatives à ses services de transport ferroviaire de passagers".
"Renfe propose actuellement son contenu et ses données en temps réel sur ses propres sites web et applications, mais pourrait avoir refusé de fournir l'accès à toutes ces informations aux plateformes de billetterie tierces", a précisé l'exécutif européen dans un communiqué.
Renfe est l'opérateur historique des chemins de fer espagnols, détenu par l'État. Il vend des billets en ligne sur ses propres sites web et applications mais aussi via des agences de voyages en ligne.
Sans accès, les plateformes de billeterie ne peuvent pas fonctionner
Les plateformes de billetterie affichent les offres de différents transporteurs ferroviaires et fournissent aux clients des services de recherche, de comparaison, de réservation et de paiement en ligne. Pour fonctionner, elles ont besoin d'un "accès au contenu complet et aux données en temps réel de Renfe afin d'adapter leurs offres aux besoins des clients", a expliqué la Commission.
Bruxelles dit craindre "que le refus présumé de Renfe de fournir ce contenu et ces données en temps réel puisse empêcher les plateformes de concurrencer les canaux numériques directs de Renfe, au détriment des consommateurs".
L'ouverture d'une enquête formelle ne préjuge pas de son résultat, souligne la Commission. Renfe est désormais invitée à proposer des solutions pour répondre aux préoccupations de Bruxelles.
Renfe va coopérer avec la Commission
Dans une réaction transmise à l'AFP, la compagnie espagnole assure qu'elle "coopérera pleinement avec la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne", disant espérer "parvenir à une solution consensuelle".
L'enquête s'inscrit "dans un environnement réglementaire" en pleine "mutation", en raison de "la libéralisation du transport de passagers", rappelle par ailleurs la Renfe, qui a poussé les autorités nationales de la concurrence de plusieurs pays, dont l'Allemagne, à se pencher sur la question de "la distribution de billets en ligne".