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Union européenne

Brexit: pour Merkel, un accord est "toujours possible"

Angela Merkel

Angela Merkel - TOBIAS SCHWARZ / AFP

Craignant de voir la Grande-Bretagne tenter de négocier une sortie "à la carte" de l’Union européenne, la chancelière allemande Angela Merkel se prépare également à une sortie sans accord.

L’espoir d’un accord subsiste, mais la chancelière allemande commence à se préparer à l’idée d’un Brexit moins soft. "Les chances pour arriver à un accord de sortie à la fois bon et viable sont toujours là", a déclaré Angela Merkel ce mercredi devant la chambre des députés allemands à Berlin avant un sommet européen où le Brexit sera au cœur des débats. "Dans le même temps il est évident qu'un gouvernement responsable et tourné vers l'avenir prépare tous les scénarios, y compris celui d'une sortie de l'UE de la Grande-Bretagne sans accord" et "le gouvernement allemand a commencé à s'y préparer de manière appropriée", a-t-elle ajouté.

Et elle a prévenu le gouvernement britannique que l'UE ne mettrait pas son existence en danger pour trouver un compromis. "Même si nous voulons éviter de nous montrer trop durs, au final, il faut que la différence soit claire entre l'appartenance à l'UE et un partenariat entre l'UE et un Etat tiers", a-t-elle insisté, exposant sa position avant le sommet de mercredi et jeudi à Bruxelles.

La frontière irlandaise toujours au cœur des débats

Selon elle, les deux parties ont "montré leur bonne foi" et "sont allées l'une vers l'autre". Mais le "plus dur reste pour la fin" : la question des 500 km de frontière entre l'Eire et l'Irlande du Nord appelés à devenir la seule séparation terrestre entre l'Union européenne et le Royaume-Uni.

Cette frontière irlandaise pose la question de l'intégrité du marché unique européen tout en faisant fait ressurgir les démons du passé. En effet, le rétablissement d'une frontière physique contrevient à l'accord de paix du Vendredi saint signé en 1998, qui avait alors mis fin à 30 ans de conflit entre unionistes majoritairement protestants et républicains catholiques.

Bruxelles veut un statut spécial pour l'Irlande du Nord, avec un alignement réglementaire sur l'UE, ce que Theresa May refuse au nom de l'intégrité du territoire britannique.La Première ministre britannique propose de son côté que le Royaume-Uni entier reste aligné pour un temps limité sur les règles douanières de l'Union jusqu'à la signature d'un accord de libre-échange sur les biens.

L'UE juge prématuré de discuter d'un tel accord sur l'avenir de la relation tant que le divorce n'a pas été acté. Par ailleurs, Bruxelles soupçonne Londres de chercher ainsi à d'obtenir un accès "à la carte" au marché unique.

Inquiétudes pour les Britanniques vivant en Allemagne

Sans accord, une rupture brutale interviendrait dès mars 2019 alors qu'en cas de compromis une période de transition sera mise en place jusqu'à fin 2020 avec des conséquences moins rudes et immédiates pour les entreprises, les travailleurs et les autorités.

Bien que l’espoir d’un accord subsiste, la chancelière allemande s’inquiète déjà des conséquences d’une sortie plus rude : "comment allons-nous traiter au lendemain du Brexit les 100.000 Britanniques vivant en Allemagne depuis des années pour certains? Comment allons-nous traiter par exemple les professeurs britanniques qui ont aujourd'hui le statut de fonctionnaire (en Allemagne)?", a notamment relevé Mme Merkel.

HB