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Union européenne

A quelles conditions les Européens accepteraient de reporter le Brexit?

En votant un report du Brexit, les députés ont offert une bouffée d'oxygène à Theresa May

En votant un report du Brexit, les députés ont offert une bouffée d'oxygène à Theresa May - Isabel Infantes l- AFP

Les Européens attendent des clarifications de la part de Londres avant de se prononcer sur un éventuel report. Mais ce délai ne doit en aucun cas servir à arracher de nouvelles concessions.

Le report du Brexit que doivent demander ce jeudi les députés britanniques ne sera pas accordé de manière automatique, préviennent les Européens. La Première ministre britannique Theresa May a longtemps exclu d'envisager un recul du moment du départ, prévu le 29 mars, avant de s'y résigner. Si son parlement le souhaite, elle en fera formellement la demande aux dirigeants de l'UE.

Theresa May a indiqué qu'elle n'envisagerait à ce stade qu'une extension "limitée" de "l'article 50", cette disposition des traités européens déclenchée par Londres pour quitter l'UE. Si la demande d'un report leur est faite comme ils s'y attendent lors de leur sommet du 21-22 mars à Bruxelles, les dirigeants des 27 autres pays de l'UE devront l'accepter à l'unanimité.

Ne pas "prolonger l'agonie"

Des diplomates de tous les pays européens se sont ainsi déjà réunis mercredi pour lister leurs conditions. Selon l'un d'entre eux, ils sont tombés d'accord pour exclure tout report qui aurait pour but d'arracher de nouvelles concessions. Un report court de quelques semaines ne serait accordé qu'avec la perspective claire d'un accord à portée de main avec les Britanniques, scénario devenu improbable. Les Européens ne veulent pas "juste prolonger l'agonie", a expliqué un diplomate à l'AFP.

Un report plus long supposerait "un changement majeur" au Royaume-Uni "comme de nouvelles élections, l'organisation d'un nouveau référendum ou la révocation de l'article 50", a-t-il ajouté. Mais la crainte d'une rupture brutale est telle que "l'on trouvera la bonne raison" quoi qu'il arrive pour justifier un report, nuance un autre diplomate, illustrant les différences de ton entre Européens sur les conditions à imposer à Londres.

Un but clair

"Une prolongation, si elle est demandée, ne peut être accordée qu'une seule fois. Elle devra être proportionnée à l'objectif de l'extension et son but doit être clair", a insisté un haut responsable européen. Présenté comme une éventualité par plusieurs médias, un report d'une durée de 21 mois ne fait pas partie des options privilégiées, a assuré une source européenne à l'AFP, soulignant les nombreuses difficultés liées à toute "prolongation de l'incertitude". Parmi celles-ci se pose notamment la question des élections européennes: selon l'UE, si le Royaume-Uni est toujours un Etat membre au moment du scrutin fin mai, Londres sera dans l'obligation de l'organiser sur son territoire.

Malgré des craintes au sein de l'UE, un avis des services du Parlement européen consulté par l'AFP, estime toutefois que la légalité du nouvel hémicycle ne serait pas menacée même si Londres ne respectait pas son obligation d'organiser ces élections.

Coralie Cathelinais avec AFP