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"Une loi, même votée n'est pas forcément appliquée": les opposants à la réforme brandissent le précédent du CPE

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Malgré l'adoption du texte ce lundi, les opposants à la réforme des retraites ne baissent pas les armes. Une nouvelle mobilisation est prévue le 23 mars à l'appel de l'intersyndicale qui espère toujours faire céder le gouvernement. Un peu comme en 2006.

Que reste-t-il à la rue et à l’opposition maintenant que la motion de censure a été rejetée à une petite minorité? Le texte a été adopté hier et il ne reste qu'un passage devant le Conseil constitutionnel sa promulgation sous 15 jours pour que le recul de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans devienne officiel.

Et Philippe Martinez, le leader de la CGT, le répète à l'envi: une "loi, même votée n'est pas forcément appliquée", comme se fut le cas en 2006 avec le contrat première embauche (CPE). À l’époque, la réforme avait déclenché l'ire de la rue… qui avait fini par gagner.

L’exemple du CPE

Hervé Morin, président de la région Normandie et qui demande au président de renoncer à cette réforme des retraites, le disait lundi au micro de France Bleu: “reculer, ce n’est pas renoncer.” Et de prendre comme exemple “Jacques Chirac en 2006 sur le CPE.”

Si la réforme des retraites tant controversée a été définitivement adoptée lundi soir, une loi n’est pas appliquée tant qu’elle n’est pas promulguée et accompagnée de mesures d’application. Et surtout, même promulguée, elle peut être modifiée ou abrogée via un nouveau vote. Ceux qui se souviennent du CPE le savent.

En mars 2006, l’Assemblée nationale vote la création de ce nouveau contrat de travail pour les jeunes dont Dominique de Villepin, alors Premier ministre sous Jacques Chirac, a présenté le projet peu de temps avant. Il utilise le 49.3 pour faire passer son texte le 9 mars. Pas de concertation donc, malgré de vives oppositions qui commencent à émerger dans l'Hémicycle et dans les villes.

Le CPE est un contrat à durée indéterminée réservé aux moins de 26 ans qui contient une ‘période de consolidation’ -similaire à une période d’essai qui s’étend sur deux ans pendant lesquels l’employeur peut licencier son salarié sans motif. Pour argument, Dominique de Villepin cite le chômage des 15-24 ans qui, à l'époque, flirte avec les 25%. Pour la jeunesse, cette période de consolidation ne passe pas.

Quand la rue change la loi

Les organisations étudiantes et lycéennes se mobilisent, la rue s’enflamme, le mois de mars est constellé de manifestations qui, au plus fort, rassemblent entre un et trois millions de marcheurs. Les heurts entre contestataires et la police se multiplient, l’ambiance est électrique. Dans la rue, les étudiants sont rejoints par les syndicats et l’opinion publique leur est favorable.

Le 31 mars, Jacques Chirac annonce à la télévision qu’il promulgue la loi tout en suspendant son application et qu’une nouvelle loi sera rapidement proposée pour modifier les clauses les plus controversées du CPE.

Pas suffisant pour les manifestants qui continuent de se mobiliser: pour eux, c’est la suppression du CPE ou rien. Le 10 avril, Dominique de Villepin cède, il annonce son abrogation.

Un scénario 'à la CPE' va-t-il se reproduire? C'est en tout cas l'espoir des opposants bien qu'Emmanuel Macron et le gouvernement ne montrent pas de signes d'infléchissements.

Olivia Bugault