"Un risque de désynchronisation avec le reste du monde": Emmanuel Macron reconnaît que "la situation en Europe n'est pas idéale"

Un constat qui se veut lucide. À l'issue d'un sommet Choose France au cours duquel pas moins de 20 milliards d'euros d'investissements ont été annoncés en France, Emmanuel Macron a dressé un tableau réaliste de l'environnement économique européen.
"La situation n'est pas idéale en Europe aujourd'hui", a-t-il résumé, évoquant un "risque de désynchronisation avec le reste du monde".
En cause, une concurrence ardue provenant notamment du continent asiatique, à commencer par la Chine qui profite de règles inéquitables: "Nous avons ouvert nos marchés à des entreprises en provenance de ces régions qui appliquent des normes moins strictes".
De l'autre côté de l'Atlantique, l'IRA (Inflation Reduction Act) a également constitué un choc agressif pour l'industrie européenne et les récents droits de douane annoncés par Donald Trump présentent également des risques. "Tout cela génère beaucoup d'incertitudes et un problème d'inéquité des règles du jeu, constate le chef de l'Etat. Nous devons maintenir le cap, nous savons ce qu'il faut faire, nous avons eu le rapport Draghi."
"Il s'agit de mettre rapidement en oeuvre, il est question de rapidité et d'ampleur. Il nous faut aller vite et faire beaucoup si nous voulons rester dans la course."
Simplification, renforcement du marché unique et hausse des investissements publics
Dans la suite de son propos, le président de la République a énuméré quelques chantiers prioritaires pour l'Union européenne. Il a d'abord mis l'accent sur la simplification dans différents domaines qui doit permettre de "resynchroniser avec les États-Unis". Le deuxième chantier est d'ailleurs étroitement lié à cette simplification puisqu'il s'agit de renforcer le marché unique qui est, selon Emmanuel Macron, "un succès dans de nombreux secteurs mais n'est pas suffisamment fort."
"La première simplification est de faire en sorte que les entreprises soient certaines que le marché de 450 millions d'habitants soit un marché unique."
À ce titre, il regrette le manque d'orientation de l'épargne européenne, particulièrement élevée, vers les entreprises du continent et plaide pour un renforcement du marché de capitaux et du processus de titrisation "car il faut que les grands acteurs investissent sur notre marché". Mais les investissements ne doivent pas uniquement provenir des acteurs privés pour Emmanuel Macron alors que les besoins sont colossaux dans l'IA et plus largement la tech. "Nous avons poussé pour revoir l'échelle du niveau du budget européen car il y a un risque de fragmentation du marché européen, a-t-il déclaré. Nous avons besoin de budgets fédéraux, d'un budget plus élevé."
Assurer une forme de protectionnisme
Enfin, le président français a mis en avant la nécessité d'une protection accrue, un terme qui était pourtant peu utilisé lors des précédents éditions du sommet Choose France: "Si nous parlons d'avoir des règles équitables, il nous faut ne plus être naïf. Soyons sûr que nous préservons des règles équitables".
"Le seul lieu où il n'y a pas de règles équitables pour les acteurs européens, c'est l'Europe. Nous pouvons demander beaucoup à nos entreprises mais nous ouvrons notre marché à des entreprises étrangères avec des normes bien moins exigeantes."
Emmanuel Macron a cité l'exemple de l'industrie sidérurgique, mise à mal par la concurrence chinoise depuis plusieurs années. "Soit vous faites en sorte que les acteurs non-européens suivent les mêmes règles quand ils entrent sur le marché ou revoir nos règles", a-t-il insisté.