Sophie Binet (CGT) attend de François Bayrou "qu'il soit en rupture avec Macron"

Le locataire de Matignon change mais les revendications de la CGT restent les mêmes. A peine 48 heures après la nomination de François Bayrou à la tête du gouvernement, Sophie Binet s'attend à être reçue par François Bayrou dont elle attend du changement, tant "en termes de méthodes" par le "respect de la démocratie parlementaire et sociale" qu'"en termes de contenu" au travers d'un gouvernement "qui soit au service des urgences sociales et non pas des riches."
"Nous attendons qu'il soit en rupture avec Macron sur un certain nombre d'aspects car tout cela est le résultat de son septennat, a-t-elle affirmé sur le plateau de France 3. Ce qui est très désespérant pour les salariés, c'est qu'il y a un côté 'on reprend les mêmes et on recommence'".
Un moratoire de six mois pour trouver des repreneurs
La secrétaire générale de la CGT a rappelé les priorités de l'organisation cégétiste, à commencer par la situation de l'emploi et la multiplication des plans de licenciements. "Sur le sujet, on a besoin d'une toute autre approche que celle qui est en cours au ministère de l'Industrie", a-t-elle estimé, appelant le nouveau Premier ministre à "organiser une conférence sociale sur l'emploi pour prendre des mesures d'urgence pour sauvegarder l'industrie."
"Il faut empêcher les licenciements au lieu de les accompagner socialement et d'inciter les syndicats à les accepter parce que c'est une catastrophe sociale."
A ce titre, la secrétaire générale de la CGT demande un moratoire d'une "durée d'environ six mois, le temps de permettre de trouver des repreneurs pour empêcher la fermeture de ces sites avec des territoires dévastés, des vies anéanties et une catastrophe pour notre tissu économique et productif." Durant cette période, les salariés continueraient d'être payés par leur entreprise lorsque cette dernière en a les moyens. "Par exemple, Michelin a fait 500 millions d'euros de rachats d'actions et est en train de licencier 1.500 personnes", déplore-t-elle.
"Pour celles qui n'en ont pas les moyens, on a su déployer l'activité partielle pendant le Covid et on doit pouvoir le faire avec des conditions très strictes d'interdiction des licenciements et que ce soit fait à la demande des organisations syndicales pour éviter des abus."
La suspension de la réforme des retraites, "un point d'étape vers l'abrogation"
Sophie Binet maintient également la pression sur des réformes emblématiques du second quinquennat d'Emmanuel Macron, en particulier celle des retraites dont l'abrogation reste l'objectif final. "S'il y a une suspension, ça doit être un point d'étape vers l'abrogation, a-t-elle indiqué en référence à la récente ouverture des Socialistes vers un gel du texte. Abroger la réforme des retraites coûterait 3 milliards d'euros en 2025. Quand on sait qu'on voulait imposer 60 milliards d'euros d'économies, on voit que 3 milliards est tout à fait finançable."
Concernant la convention sur l'assurance-chômage, la leader syndicale a justifié la non-signature de la CGT par la problématique des frontaliers "avec des mesures très régressives imposées aux travailleurs frontaliers et un grave recul de leurs droits qui était inacceptable." Elle a également mentionné la question des seniors :
"Cette convention fait réculer le droit à l'assurance-chômage des seniors qui sont aujourd'hui les premiers pénalisés par les plans de licenciement et qui sont en plus directement pénalisés par la réforme des retraites : c'est une triple peine."