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Réforme des retraites: Laurent Berger évoque "une défaite productive"

Invité sur le plateau de Franceinfo deux jours après la 14ème et potentiellement dernière journée de mobilisation, le secrétaire général de la CFDT estime que les manifestations contre la réforme des retraites n'ont pas été inutiles malgré l'application du texte.

Pas le temps pour les regrets. En ce jeudi qui pourrait marquer l'épilogue politique de la réforme des retraites, Laurent Berger a dressé un bilan de la séquence sociale autour du texte qui aura duré près de six mois. "Je n’ai aucun regret sur le fait qu’on se soit mobilisé, a insisté le secrétaire général de la CFDT au micro de Franceinfo. On a exprimé cette dignité par des manifestations qui sont inédites dans leur ampleur et dans le nombre de professions. Ce texte passe mais il faut qu’on se serve de cette colère pour demander des progrès sur les salaires, les conditions de travail." Le leader syndical a rappelé quelques chiffres: quatorze journées de mobilisation et plus de 600.000 personnes réunies lors de la dernière il y a deux jours.

"Le texte a été promulgué et je n’ai pas envie de mentir aux salariés qui se sont mobilisés. Pour le syndicalisme, c’est une forme de défaite productive. On n’a pas marché pour rien. Le combat peut se poursuivre dans les administrations et les entreprises, en interprofessionnel sur la question des salaires et des conditions de travail ou en créant des sections syndicales."

"Ce n'est pas la fin de l'intersyndicale"

Si sa posture peut paraître fataliste, Laurent Berger préfère la qualifier de réaliste, ce qui ne l'empêche pas de continuer de dénoncer un "déni de démocratie sociale" qui "s’affiche comme un mépris au monde du travail et génère du ressenti et de la colère." Selon lui, une quinzième journée de mobilisation pour continuer d'affirmer que la réforme ne s'appliquera pas ne serait "pas opérante et pas suivie": "Les salariés n’acceptent pas cette réforme mais la réalité, c’est qu’elle va s’appliquer."

Pour autant, ce mois de juin ne dirige pas l'intersyndicale vers un crépuscule certain. "Ce n’est pas la fin de l’intersyndicale, on sait ce qui nous différencie mais on sait ce qui nous unit, a rappelé Laurent Berger qui quittera ses fonctions le 21 juin. On a des sujets sur lesquels on va travailler et on va se voir la semaine prochaine pour travailler sur des propositions communes afin d'obtenir des avancées sur les salaires par exemple." Le représentant de la CFDT a également cité la problématique des aides publiques aux entreprises que plusieurs organisations syndicales souhaitent conditionner.

Timothée Talbi