Réforme des retraites: à quoi pourrait ressembler le CDI senior que veulent instaurer les sénateurs?

Début des débats au Sénat sur le projet de réforme des retraites, le 2 mars 2023 à Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
La mesure prônée par les députés LR et centriste a le mérite d'être simple. Ce nouveau contrat en CDI, serait réservé uniquement aux salariés de plus de 60 ans et fonctionnerait un peu comme un contrat de chantier. Il ne serait pas limité dans le temps mais lié à une mission comme de l'encadrement de jeunes par exemple. Mission qui serait fixée entre l'employeur et le salarié à la signature du contrat. Derrière, l'entreprise s'engagerait quoi qu'il en soit à garder le salarié jusqu'à son départ à la retraite à taux plein. Elle bénéficierait en contrepartie d'une exonération des cotisations familiales, qui s'élèvent entre 3.45 et 5.25% du salaire brut en fonction de la rémunération.
"Cela réduira le coût du travail du salarié senior qui, compte tenu de son expérience, peut prétendre à une rémunération plus élevée qu'un jeune actif" peut-on lire dans l'amendement.
Les syndicats dénoncent "une mesurette"
Seules les organisations patronales saluent la mesure. La CPME plaide pour une mesure plus forte. Elle suggère d'exonérer les cotisations chômage, qui s'élèvent à 4.5% du salaire brut, pour les salariés de plus de 56 ou 57 ans et d'obliger les entreprises à les rembourser si elles licencient le senior concerné avant sa retraite. Le CDI senior ne va pas aussi loin mais "la mesure va dans le bon sens" selon l'un des responsables de l'organisation patronale.
Les syndicats en revanche y sont fermement opposés. "Ce n'est pas comme cela que l'on va rendre les seniors plus attractifs et convaincre les entreprises de les garder" explique un haut responsable de la CFE-CGC. "Ces exonérations risquent de priver la sécurité sociale d'une partie de ces recettes" souligne un autre responsable syndical.
L'exécutif n'y est pas favorable
Une fois n'est pas coutume, le gouvernement, qui pourtant ne ménage pas ses efforts pour rallier les Républicains à sa réforme, lui aussi a dit non. Pour l'exécutif, la mesure est trop coûteuse et risque de créer des effets d'aubaine. Selon Gabriel Attal, le ministre des comptes publics, "100 000 CDI sont signés chaque année pour des salariés de plus de 60 ans. Si tous étaient signés avec le nouveau contrat, le coût s'élèverait à 800 millions d'euros pour la branche famille". Selon lui, ce coût pourrait même grimper à 2.2 milliards d'euros en cas d'effet d'aubaine.