"Nous ne voulons pas de nouvelle négociation": la CFDT refuse la proposition de "compromis" de François Bayrou sur les retraites

"Nous ne voulons pas de nouvelles séances de négociation" sur la réforme des retraites alors que "le conclave est terminé depuis lundi", a déclaré vendredi à l'AFP la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, rejetant la proposition de François Bayrou de reprise des discussions.
Elle a ajouté que les deux derniers points de blocage relevés par le Premier ministre pour parvenir à un accord avec le patronat, sur la pénibilité et le financement du système de retraites, étaient "deux éléments extrêmement importants et structurants des discussions".
"Si à un moment, le gouvernement veut trouver une voie d'équilibre, il faut qu'il comprenne que, pour mon organisation, il n'y a pas de voie de passage sans la réparation sur la pénibilité, avec le dispositif qu'on a proposé", a-t-elle encore affirmé, ajoutant que le bureau national de la CFDT avait rendu un avis "unanime" en ce sens vendredi matin.
François Bayrou lui a répondu quelques heures plus tard. Le Premier ministre a indiqué que le gouvernement tranchera si les partenaires sociaux "considèrent que ce n'est plus leur heure".
Dans le projet de budget de la Sécurité sociale, "il y aura un texte, qu'il y ait eu un accord préalable ou qu'il y ait eu seulement les travaux préparatoires à un accord", a-t-il ajouté, en précisant que le projet du gouvernement s'appuierait sur les discussions du conclave.
"Bon espoir"
Outre la pénibilité, Marylise Léon a également insisité sur la nécessité de parvenir à un "équilibre dans les efforts financiers", a insisté la dirigeante du premier syndicat.
"Aujourd'hui, les entreprises ne peuvent pas continuer de dire que c'est sans elles. On ne peut pas dire qu'on négocie, qu'on discute, mais qu'on ne participe pas à l'effort. Ça ne peut pas fonctionner comme ça", selon Marylise Léon.
Ce vendredi, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a pourtant déclaré sur BFMTV espérer un accord entre les partenaires sociaux d'ici deux semaines.
"À la mi-juillet, nous avons tous bon espoir […] que nous y arrivions, puisqu'il y a déjà des points d'accord, que le Premier ministre s'est engagé à les mettre au Parlement dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances sur la Sécurité sociale", a déclaré Sophie Primas.
Jeudi, le Premier ministre a annoncé qu'il n'y avait pas d'accord signé mais des "avancées". Lors d'une conférence de presse faisant suite à l'échec du conclave sur les retraites entre partenaires sociaux et patronat, François Bayrou s'est attaché à démontrer que des progrès ont été réalisés et qu'un accord est toujours possible.
Des points de désaccords subsistent selon le Premier ministre mais "rapportés à l’ampleur des progrès, ces deux sujets sont peu de choses dans les derniers mètres. Les organisations vont se remettre au travail".
"Ces deux points sont faciles à traiter, le compromis est à portée. C’est ce que je souhaite", souligne le Premier ministre.
Deux points d'achoppement
Le premier point de désaccord porte sur la recherche de réparation. "Ici, la négociation n'a pas tout à fait permis d'aboutir. Les syndicats souhaitant une réparation générale, les entreprises demandant une réparation individuelle sur décision médicale. Sur ce point, une recherche d'accord est indispensable".
Pour rappel les syndicats souhaitent que la pénibilité donne droit à des départs anticipés à la retraite. Ce que les organisations patronales rejettent par crainte de créer de nouveaux régimes spéciaux. Elles préfèrent traiter au cas par cas après reconnaissance médicale d'une aptitude.
Second point d'achoppement: "S'agissant du financement de ces changements, deux accords ont été trouvés: celui de la pénibilité dans le cadre des accidents du travail et des maladies professionnelles, c'est 500 millions d'euros. Et rationalisation possible du cumul emploi retraite: 500 millions supplémentaires. En revanche, Il n'y a également pas encore un accord trouvé "pour boucler les mesures de financement des mesures de justice et de retour à l'équilibre", estimées à 400 millions d'euros.