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Les syndicats dénoncent des licenciements "à bas bruit"

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La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet estime que "354 plans de licenciement" sont en cours "soient 220.000 emplois directs ou indirects impactés", selon les remontées de ses adhérents.

Les cinq syndicats représentatifs (CFDT,CGT,FO, CFE-CGC et CFTC), mais aussi l'organisation patronale U2P, interrogés mercredi par une commission parlementaire, ont pointé du doigt des licenciements "à bas bruit", au-delà des plans de sauvegarde de l'emploi qui ne représentent que la partie émergée de l'iceberg. Pour le spécialiste de l'emploi à la CFDT, Olivier Guivarch, "les plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) baissent continuellement depuis près de 20 ans" mais "il convient de regarder les autres modes de rupture et phénomènes".

"Il faut être attentif aux nombreuses restructurations à bas bruit", a-t-il poursuivi au cours d'une table ronde organisée par la commission des affaires sociales, sur "les défaillances des pouvoirs publics face aux plans de licenciements".

"L'évolution du droit du travail a facilité les ruptures de contrat de travail pour les employeurs", a-t-il ajouté. Ainsi, "les licenciements (ne concernent) qu'un très faible nombre de salariés et de ruptures. C'est pour cela qu'il faut regarder aussi les démissions, les fins de période d'essai, les ruptures conventionnelles individuelles et tous les licenciements pour autre cause", a-t-il plaidé devant la commission parlementaire, présidée par Denis Masséglia (Ensemble pour la République).

Sophie Binet évoque "un échec de la politique de l'offre"

Sophie Binet, leader de la CGT - qui depuis plusieurs mois recense les plans de licenciement en France - a ainsi estimé mercredi que "354 plans de licenciement" sont en cours "soient 220.000 emplois directs ou indirects impactés", selon les remontées de ses adhérents. La dirigeante de la deuxième centrale syndicale a regretté qu'il n'y ait "pas de contrôle des motifs économiques d'un licenciement" et regrettait "un déficit d'anticipation et de planification".

"C'est un échec de la politique de l'offre menée depuis 2014", a-t-elle critiqué, pointant la "fragilisation très conséquente du droit du travail et de la protection contre les licenciements, et la très forte augmentation des aides aux entreprises qui atteignent des records (plus de 200 milliards d'euros en 2024)".

Pour le représentant de la CFE-CGC, Bertrand Mahé, "il faudrait revenir un peu plus à la philosophie des accords de maintien dans l'emploi qui a été beaucoup plus équilibré" dans le passé. Côté patronal, le président de l'Union des entreprises de proximité (U2P, qui représente artisans, commerçants et professions libérales) Michel Picon a relevé que "600 entreprises qui ferment par semaine, qui entraînent 1.500 salariés à perdre leur activité, c'est évidemment très dommageable pour l'économie de notre pays", mais contrairement aux plans sociaux des grands groupes, "ça ne fait pas le 20 heures".

TT avec AFP