Carrière longue: quand la durée de cotisation fait débat entre LR et le gouvernement

Des voix décisives. Pour faire passer sa réforme des retraites en évitant de recourir à l'article 49-3 de la Constitution, le gouvernement espère obtenir un soutien ferme des députés Républicains à l'Assemblée. Début janvier, le patron du parti de la rue Vaugirard, Eric Ciotti, s'était lui-même dit prêt à "voter une réforme juste qui sauve notre système de retraite par répartition".
Un signal positif pour la majorité qui a besoin de glaner une quarantaine de voix dans les rangs des 62 députés de droite pour faire approuver la réforme. Mais rien n'est fait. En l'état, entre 15 et 20 parlementaires du groupe LR disent ne pas vouloir voter pour le texte du gouvernement. C'est notamment le cas du numéro 2 du parti, Aurélien Pradié, qui juge toujours le projet du gouvernement injuste, en particulier pour les Français ayant commencé à travailler tôt.
Le vice-président exécutif du parti est d'ailleurs à l'origine d'un amendement sur ce thème, dénonçant les modalités de la réforme qui pourraient potentiellement conduire certaines personnes éligibles au dispositif carrières longues à cotiser pendant 44 ans, au lieu de 43 aujourd'hui.
Les LR réclament 43 ans pour tous
Pour les députés LR opposés au texte, il s'agit du principal point de crispation. D'autant qu'Elisabeth Borne promettait début janvier que le gouvernement n'ira "pas au-delà des 43 années de cotisations pour avoir une retraite à taux plein". Or, le texte prévoit finalement qu'une personne ayant commencé à travailler entre 18 et 20 ans pourra prétendre à une retraite à taux plein à 62 ans (contre 60 ans au plus tôt aujourd'hui), à condition d'avoir validé quatre ou cinq trimestres (selon le mois de naissance) avant la fin de l'année de ses 20 ans. Ce qui pourrait bien contraindre certains à travailler pendant 44 ans.
Par exemple, une personne née en 1973 qui aurait commencé à travailler à 18 ans devait jusqu'à présent avoir cotisé un minimum de 43 ans (dont 4 ou 5 trimestres avant ses 20 ans) pour espérer partir avec un retraite à taux plein à 61 ans. Dans le nouveau système, elle devra cotisé un an de plus pour aller jusqu'à 62 ans. De la même manière, une personne ayant commencé à travailler durant l'année de ses 20 ans ne pourra pas partir de manière anticipée à 62 ans, et devra donc continuer sa carrière jusqu'au nouvel âge légal, à savoir 64 ans. Ce qui correspond là-aussi à 44 annuités de cotisation.
Inacceptable pour les Républcains dont l'amendement signé par l'ensemble des députés du groupe propose de permettre à toute personne ayant cotisé au moins un trimestre avant ses 21 ans de pouvoir partir à la retraite dès lors qu'elle a validé ses 43 années de cotisation.
Le gouvernement refuse de revenir sur les 44 ans
Pour l'heure, le gouvernement s'oppose à cet assouplissement qui pourrait coûter entre 2 et 3 milliards d'euros. "Nous sommes ouvert à tous les enrichissements", mais "ce n'est pas dans notre objectif" de renoncer aux "équilibres trouvés", "y compris celui qui fait que ceux qui ont commencé à travailler à 20 ans partent à la retraite à 64 ans", a réagi ce mercredi Olivier Véran.
Le porte-parole du gouvernement a également précisé que "l'égalité de durée de cotisation ne s'entend pas dans un système de financement de retraites qui repose à la fois sur un nombre d'années cotisées et sur un âge de départ à la retraite".
Et de conclure: "Je rappelle aussi pour mémoire que l'âge en pratique de départ à la retraite […] est de 63,3 ans parce qu'un grand nombre de Français cotise davantage pour avoir un meilleur niveau de pension de retraite. Je ne suis pas sûr que ça change grand-chose de ce point de vue-là" mais "ça peut avoir un coût".