Avantage fiscal des plus de 70 ans: pourquoi le gouvernement a changé d'avis à la dernière minute

Edouard Philippe et Emmanuel Macron lors d'une réunion avec les partenaires sociaux à l'Elysée, le 10 décembre 2018. - Yoan VALAT / POOL / AFP
Plus de mesure sortie du chapeau et davantage de concertation. Voilà comment le gouvernement semble désormais envisager la réforme. C'est en tout cas ce qui s'est passé cet après-midi avec l'annulation d'un coup de rabot fiscal envisagée pour les plus de 70 ans.
Les plus de 70 ans bénéficient en effet d'une exonération de charge sociale sur les emplois à domicile. Une mesure instaurée en 1987 mais devenue très coûteuse avec le temps du fait de l'augmentation de l'espérance de vie. Dans sa quête d'économie, le gouvernement avait donc décidé de ne maintenir cet avantage qu'aux personnes âgées dépendantes ou handicapés. Économie pour l'Etat: 320 millions d'euros en 2020.
L'information est ainsi parue dans Les Echos ce lundi avant d'être confirmée par la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye:
"Nous souhaitons au final recentrer les choses pour que les aides, quand elles existent, s'adressent aux personnes qui en ont le plus besoin."
Sauf que ce mercredi, revirement soudain du gouvernement. S'exprimant à l'Assemblée nationale, en réponse à la question d'un député, Édouard Philippe a indiqué que le gouvernement renonçait à supprimer cet avantage.
Pourquoi ce changement soudain? La mesure n'était-elle finalement pas bonne? Selon les informations de BFMTV, Emmanuel Macron a suivi l'affaire depuis New York où il participe actuellement au sommet de l'ONU sur le climat et a joint le premier ministre juste avant les questions de l'Assemblée au gouvernement pour lui demander de reporter la mesure.
Ce que Matignon, qui ne sentait pas cette mesure, aurait accepté de bonne grâce. Pas tant la mesure elle-même d'ailleurs que la façon "vieux monde" dont elle a été amenée.
"Etant mal expliqué elle a surpris, elle rentrait mal dans l’atmosphère, confie-t-on du côté de Matignon. Il fallait engager une discussion avec les corps intermédiaires, les Français et les représentants des employeurs à domicile, ce qui n'a pas été fait."
La mesure avait été proposée par le ministère du Travail de Muriel Pénicaud il y a plusieurs semaines et le gouvernement l'envisageait depuis une dizaine de jours. Sauf que sortie quelques jours seulement avant le projet de loi de finance, elle n'a pas eu le temps d'être expliquée. Le président et le Premier ministre ont donc préféré renoncer à une économie de 320 millions d'euros plutôt que de cristalliser l'opinion sur ce sujet.
Un petit couac riche d'enseignement en somme. Depuis la crise des gilets jaunes et le grand débat qui a suivi, le gouvernement ne veut plus prendre le risque de prendre l'opinion à rebrousse poil lorsqu'il supprimer un avantage ou lance une grande réforme. Il veut concerter, débattre et faire de la pédagogie. Et ne plus passer en force.