Après les steaks sans viande, du poulet gorgé d’eau livré à des associations

Une enquête a été ouverte en France après que des associations caritatives ont reçu des centaines de tonnes d’escalopes de poulets présentant une teneur en eau supérieure à la norme européenne en la matière.

Près de 360 tonnes de poulets plein d’eau ont été livrées au Secours Populaire, aux restos du cœur et à d’autres associations humanitaires, rapportent ce lundi France Info et RTL. Des escalopes "parfaitement distribuables et consommables", mais dont la teneur en eau est supérieure à ce qu’autorisent les normes européennes, a expliqué Jacques Bailet, le président des banques alimentaires à France Info.

Ces barquettes de volaille surgelée ont été distribuées depuis 2018 dans le cadre d’un programme européen de subventions des associations caritatives: le Fonds européen d’aide aux plus démunis. Ce programme est censé aider les plus modestes à consommer des protéines.

C’est bien là ce qui indigne le président des Banques alimentaires: 360 tonnes d’escalopes de poulets pleines d’eau, " cela veut dire qu'on prive les plus démunis de 3.600.000 escalopes de qualité". En effet à la cuisson, le volume de ces blancs de volaille fond.

Des contrôles intensifiés sur l'aide alimentaire

Certes ces viandes ne posent pas de problème de santé, et d’ailleurs elles vont continuer d’être distribuées aux bénéficiaires d’aide. Mais Jacques Bailet déplore "une fraude, un problème de loyauté, on a vendu de l’eau au prix du poulet".

Les services de l’État qui ont découvert ce taux d’eau anormalement élevé des escalopes de poulets évoquent eux aussi "une possible fraude économique". Elle émanerait de l’entreprise danoise qui a fourni ces denrées après avoir remporté ce marché public.

Ces derniers temps, la direction générale de la cohésion sociale et la direction générale de la concurrence, la consommation et la répression des fraudes ont intensifié leurs contrôles sur l’aide alimentaire. Elles multiplient les tests pour s’assurer que ces produits sont bien conformes au cahier des charges.

Cette surveillance accrue est sans doute liée à un scandale du même genre intervenu avant l’été autour cette fois de steak hachés livrés aux associations, dans lesquels il n’y avait pas un gramme de viande. Là encore, ils ne présentaient aucun risque pour la santé, mais ils ne contenaient que du gras, de la peau d’animaux, du soja, de l’amidon et d’autres produits non autorisés. Une arnaque à 5 millions d'euros, cette fois liée à une entreprise française et une autre polonaise.

D’ailleurs le distributeur français a attaqué en justice son partenaire polonais. En attendant le verdict de cette affaire, les faux steaks hachés livrés aux associations caritatives encombrent toujours leurs locaux.

"Tant que l’affaire n’est pas jugée, nous ne pouvons pas y toucher", explique-t-on au Secours Populaire. "C’est gênant parce que ça prend de la place alors qu’on attend de nouvelles livraisons, et surtout, ça coûte cher de stocker des produits surgelés". Le procès du steak sans viande devrait se tenir à la fin du mois d’octobre.

N.G.