"Si ça aide notre société, il faut passer par là": un dirigeant de la CPME se dit "extrêmement favorable" à la suppression de deux jours fériés

Voilà un patron qui n'a pas peur de se mettre de nombreux salariés à dos. Invité de la matinale Bonjour de TF1 mercredi, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) d'Île-de-France, Bernard Cohen-Hadad, s'est montré "extrêmement favorable" à la suppression de deux jours fériés envisagée par le gouvernement.
"Il s'agit d'un enjeu de finances publiques, c'est vrai que c'est difficile de travailler sans être rémunéré, c'est difficile aussi pour les patrons de payer l'État", a-t-il estimé.
Cet entrepreneur, auteur de "L'avenir appartient aux PME", appelle à faire preuve de "patriotisme économique" alors que la suppression du "caractère férié" du lundi de Pâques et du 8-Mai, mentionnée dans la lettre de cadrage du Premier ministre François Bayrou adressée le week-end dernier aux partenaires sociaux, suscite une colère profonde du côté des syndicats. "Si ça aide notre société, il faut passer par là", a considéré le président de la CPME d'Île-de-France.
Mois de mai "gruyère"
Bernard Cohen-Hadad a repris l'argumentaire du chef du gouvernement, pointant notamment un mois de mai "gruyère" chaque année. "Avec de très gros trous, des ponts, des passerelles, certains entrepreneurs voulaient travailler le 1er-Mai, c'était possible pour eux, pas pour leurs collaborateurs, vous savez la révolte des boulangers", a-t-il insisté.
L'entrepreneur invite alors à "repenser le nombre d'heures de travail dans l'année", considérant qu'il y a "une nouvelle relation au travail". "C'est un enjeu de société, et l'économie ne peut pas être figée face à la concurrence internationale", a-t-il plaidé, même s'il reconnaît que la suppression de deux jours fériés "ne fait pas l'unanimité du tout".
"Personne n'a envie de travailler gratuitement et du côté des entrepreneurs, personne n'a envie de payer des charges alors que rien n'est encaissé", a-t-il souligné.
Si le président de la CPME Île-de-France se montre aussi favorable à la suppression de deux jours fériés, c'est peut-être parce que le gouvernement tend la main aux entreprises : "le Premier ministre et le ministre de l'Économie ont insisté sur le fait de ne pas alourdir les charges sur les entreprises, c'est un enjeu", a-t-il rappelé.
"Donc si cela vaut le coup, soyons citoyens, voyons si ça marche, regardons si c'est temporaire ou pas et je le redis, ne pensons pas cela comme vexatoire, comme une suppression de droits acquis mais comme une capacité de penser autrement la durée du travail et la relation au travail."
4,2 milliards d'euros d'économies attendues dès 2026
Dans sa lettre de cadrage, consultée par BFM Business, François Bayrou défend la suppression de deux jours fériés "pour augmenter la production de la France et commencer à reprendre la maîtrise de notre destin".
"En contrepartie de ce surcroît d'activité dont elles bénéficieront, les entreprises s'acquitteront d'une contribution, qui nourrira l'effort de redressement de nos comptes publics", poursuit le locataire de Matignon.
C'est là que les positions divergent légèrement avec la CPME. Car le président de la confédération au niveau national, Amir Reza-Tofighi, "a proposé de supprimer des jours fériés mais de les reverser au financement des retraites", a rappelé ce mercredi Bernard Cohen-Hadad. Le gouvernement espére en tout cas générer pas moins de 4,2 milliards d'euros d'économies dès 2026 en supprimant le caractère férié du lundi de Pâques et du 8-Mai.