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Salaires: la patronne de la CFDT estime qu'en France, on n'a "pas de Grande démission mais une Grande déception"

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Invitée sur le plateau de Good Morning Business, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon insiste sur l'importance d'une meilleure incitation des employeurs à négocier les évolutions salariales dans les branches et les entreprises.

La CFDT s'oppose à une désindexation du SMIC sur l'inflation. Invitée de la matinale de BFM Business lundi matin, la secrétaire générale Marylise Léon a exprimé clairement la posture de l'organisation syndicale. "Le SMIC est le salaire d'entrée dans la vie active lorsqu'on n'a pas de qualifications, a-t-elle rappelé. Il doit donc permettre à quelqu'un qui travaille à temps plein de vivre dignement de son travail. Malgré le fait qu'il soit indexé sur l'inflation, on voit que les personnes au SMIC n'y arrivent pas."

Cependant, elle plaide pour un renforcement de la négociation dans les branches et les entreprises. "Plutôt que de laisser les employeurs négocier quand ils veulent, il vaudrait mieux les inciter à négocier", estime-t-elle.

"La proposition de la CFDT serait de faire en sorte que les branches qui ne négocient pas ou pas suffisamment ne bénéficient plus d'exonération de cotisations, demande Marylise Léon. Ce serait aussi du plus pour les recettes de l'Etat."
Le débrief de la matinale : Faut-il désindexer le SMIC ? - 29/01
Le débrief de la matinale : Faut-il désindexer le SMIC ? - 29/01
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Au cœur de la négociation interprofessionnelle

Interrogée sur la comparaison avec d'autres pays européens où le dialogue social aboutit à de meilleurs résultats qu'en France, Marylise Léon souligne des différences culturelles. "Au Danemark, la négociation est extrêmement dynamique car c'est une pratique culturelle qui date de plusieurs dizaines d'années et la partie employeur a bien compris qu'elle avait intérêt à négocier, ce qui n'est pas forcément le cas de tous les employeurs en France, constate la leader syndicale. Il faut pouvoir inciter au maximum à la négociation et plutôt que laisser un cadre large, faire en sorte que les employeurs aient plus d'intérêt à négocier qu'à ne pas négocier. On voit très bien que quand le cadre est trop large, les employeurs ne négocient plus".

Si la France n'a pas connu de phénomène de "Grande démission" contrairement aux Etats-Unis, la revalorisation des salaires semble primordiale alors que plusieurs centaines de milliers d'offres d'emploi ne trouvent pas preneur. "Aux Etats-Unis, des secteurs entiers voyaient des salariés partir, se souvient la secrétaire générale de la CFDT. Les employeurs ont réfléchi un peu différemment à la façon de faire revenir les salariés."

"En France, on n'a pas eu de Grande démission, on a eu une Grande déception. L'investissement au travail est insuffisamment reconnu et il faut permettre de pouvoir évoluer dans sa carrière. C'est ce qu'on va négocier dans la négociation interprofessionnelle qui a démarré: comment on relance l'ascenseur social en France ?"
Timothée Talbi