Retraites: "il n'y a pas d'autres solutions que de travailler davantage" pour atteindre l'équilibre, défend le président du COR

Une nouvelle réforme des retraites est-elle inévitable à court terme? À peine un an après l'entrée en vigueur de la dernière en date, la question se pose déjà. Les dernières projections du COR (Conseil d'orientation des retraites) font état d'un léger déséquilibre du système en 2024 de l'ordre de 0,2% du PIB, ce qui représente un déficit de 5 à 6 milliards d'euros. Et la trajectoire ne devrait pas s'arranger puisque cette fourchette doublerait d'ici à 2030 et le déséquilibre finirait par atteindre 0,8% du PIB à l'horizon 2070.
"Il revient aux décideurs politiques de trancher pour savoir s'il faut envisager une nouvelle réforme avec un allongement de l'âge de départ à la retraite, s'il faut réduire les prestations ou augmenter les contributions", estime sur BFM Business le président du COR Gilbert Cette.
Le président du Conseil d'orientation des retraites rappelle d'ailleurs que l'allongement de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans ne concerne en réalité que 60% des personnes en emploi: les 40% restants partiront avant du fait des dispositifs de carrières longues ou de la prise en compte de certains critères de pénibilité.
Une hausse des recettes fiscales annuelles de 140 milliards d'euros avec un taux d'emploi supérieur à 80%
Selon Gilbert Cette, le premier intérêt des réformes des retraites n'est pas de rendre soutenable le régime de retraites comme l'expliquait sans relâche l'exécutif tout au long de l'année 2023. Le président du COR estime que le véritable objectif de ces réformes est d'augmenter le taux d'emploi qui reste sous les 70% en France, bien loin des statistiques observées en Allemagne ou dans les pays nordiques et scandinaves. "C'est là l'origine de toutes nos difficultés en matière de finances publiques bien avant les difficultés du financement des retraites", insiste-t-il.
Si la France parvenait à relever son taux d'emploi de 69% à 82%, comme c'est le cas aux Pays-Bas, "l'augmentation du PIB qui en serait la conséquence aboutirait à des recettes fiscales augmentées de 140 milliards d'euros par an" selon les prévisions de Gilbert Cette. "C'est plus que le budget de l'Éducation nationale et de la Défense réunis", indique-t-il.
"On aurait de quoi financer la transition climatique, des réformes structurelles ambitieuses dans l'éducation nationale, la santé et envisager le désendettement public et même des hausses de pouvoir d'achat simultanément."
Pour relever le taux d'emploi français, le président du COR préconise de cibler trois terrains sur lesquels la France accuse d'un retard par rapport à ses voisins, à savoir les seniors, les jeunes, mais aussi les personnes peu qualifiées.
"C'est un effort multiple qui doit être engagé de façon à donner à la France les moyens d'engager des réformes vraiment ambitieuses, souligne Gilbert Cette qui cite les chantiers de l'Education nationale ou du système de santé. Pour avoir ces moyens, il n'y a pas d'autres solutions que de travailler davantage comme le font d'autres pays qui ne sont pas des enfers sur Terre."