Retraite: le bonus/malus de l'Agirc-Arrco a-t-il encore une raison d'être?

C'est un excédent qui frappe dans le contexte actuel. L’Agirc-Arrco, le régime de retraite complémentaire des salariés du privé a publié le 29 mars dernier un bilan 2022 revigorant. La parenthèse Covid est bel et bien fermée et le trou de 2020 -4 milliards d'euros- largement comblé. L'excédent dégagé l'an dernier atteint 5,1 milliards d’euros, un niveau deux fois plus élevé plus qu’en 2021.
Le régime se porte mieux alors qu'il y a sept ans, il était, de l'aveu même de la CFDT, "en danger". Pour éviter la faillite, les partenaires sociaux qui gèrent ce régime assurant un complément de revenus à 13 millions de retraités, s'étaient mis d'accord fin 2015 sur plusieurs mesures destinées à revenir dans le vert. Un système de bonus/malus temporaire avait notamment été approuvé.
Le coefficient de solidarité à la rescousse du régime
Comment fonctionne ce "coefficient de solidarité" appliqué depuis 2019?
“Si vous êtes né à compter du 1er janvier 1957 et que vous liquidez votre retraite de base à taux plein dès que vous en remplissez les conditions d'attribution, une minoration de 10 % sera appliquée temporairement sur le montant de vos droits à retraite complémentaire pendant 3 ans et au plus tard jusqu’à l’âge de 67 ans,” explique le régime.
Un malus destinée à encourager les salariés à travailler plus longtemps, d'autant qu'il se transforme en bonus en cas de prolongement de l'activité. Si le salarié du privé travaille deux ans de plus "par rapport à la date à laquelle elles ont rempli les conditions de la retraite de base à taux plein," non seulement il évite la minoration temporaire de sa pension, mais il a même droit à une majoration pendant un an.
Ce sytème de bonus/malus avait été âprement négocié. Le syndicat FO s'y opposait fermement alors que le Medef réclamait au départ une décote de 40%, se souvient Jean-Louis Malys, ex-président de l'Agirc-Arrco. Au final, l'accord trouvé n'a pas joué de rôle incitatif comme le souhaitait le patronat. En 2020, seule une toute petite proportion des salariés du privé avaient décidé de retarder leur départ à la retraite d’au moins deux ans pour obtenir la majoration, note un article des Echos.
Le bonus/malus sera "remis sur la table"
Le bonus/malus n’est donc pas, et de loin, la raison principale de la bonne santé retrouvée des comptes de l’Agirc-Arrco ces dernières années, souligne Brigitte Pisa, administratice du régime, auprès de BFM Business. Son redressement financier, cette caisse la doit à la baisse du chômage et aux créations d'emplois. L'augmentation du nombre des salariés et les hausses de salaires ont fait grimper les ressources du régime de 6,3%.
Quid donc de l'avenir du bonus/malus? Le sujet sera "remis sur la table" lors des prochaines négociations sur les objectifs de gestion du régime de 2023 à 2026, explique Brigitte Pisa. Au même titre que toutes les questions liées à l'avenir de l'Agirc-Arrco. Les négociations doivent commencer ce semestre. Avec le décalage de l'âge de départ prévu dans la réforme des retraites, ce bonus/malus perdrait de son intérêt. Encore faut-il qu'elle entre en vigueur.