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Retraite des agriculteurs: "une injustice phénoménale" qui pourrait bientôt prendre fin

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Deux salles, deux ambiances. Alors que le Salon international de l'agriculture va accueillir des centaines de milliers de personnes jusqu'au 5 mars au parc des expositions à Paris, le Sénat va entamer son examen du texte de la réforme des retraites. Profitons-en pour faire un petit point sur la retraite des agriculteurs non-salariés.

"J’ai vu ma maman travailler énormément et toucher une retraite de 700 euros, même pas,” a dit Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) au micro de BFMTV vendredi dernier. 

Une des causes: un calcul de leur retraite qui relève d’une “injustice phénoménale,” selon l’éleveuse de porcs. Car jusqu’à maintenant, la retraite des agriculteurs non-salariés était calculée sur l’intégralité de leur vie professionnelle.

De la carrière complète aux 25 meilleures années

Une loi promulguée le 13 février change la donne et les agriculteurs vont bientôt pouvoir récolter davantage de ce qu’ils ont semé tout au long de leur carrière. En effet, à partir de 2026, leur pension de base sera établie en fonction de leurs 25 meilleures années à l’instar des salariés, indépendants et fonctionnaires. Ils auront finalement une retraite comme les autres.

Aujourd’hui, le 1,3 million d’agriculteurs à la retraite -hors salariés- gagnent 1150 euros brut par mois en moyenne alors que le montant moyen des pensions des Français est de 1400 euros. 350 euros de moins donc.

D’après Christiane Lambert, la nouvelle loi représentera une amélioration de 250 à 400 euros mensuelle, une victoire après "20 ans de combat", rajoute-t-elle.

Le code rural et de la pêche maritime contient donc un nouvel article depuis peu qui se lit ainsi:

“La Nation se fixe pour objectif de déterminer, à compter du 1er janvier 2026, le montant de la pension de base des non-salariés des professions agricoles en fonction des vingt-cinq années civiles d'assurance les plus avantageuses.”

Une entrée en vigueur progressive ?

Quelques éléments restent encore à définir comme les détails du mode de calcul et une probable mise en place graduelle de la loi pour “en limiter son impact financier.” L’Etat donne pour exemple de prendre “les 37 meilleures années pour les agriculteurs partant en retraite en 2026, les 34 meilleures années pour ceux retraités en 2027… pour atteindre les 25 meilleures années en 2030.”

Les agriculteurs, dont le métier est reconnu comme pénible et mal rémunéré, vont donc devoir attendre encore quelques années pour profiter des bénéfices d’une retraite comme les autres. Des années pendant lesquelles beaucoup devrait en finir avec leur vie active ou du moins s’en rapprocher. En 2020, la moyenne d’âge des exploitants agricoles en France métropolitaine était de 51,4 ans, selon l’Agreste, l’agence statistique du ministère de l’Agriculture, tandis que l'Etat souligne que 50% des actifs agricoles devraient partir à la retraite dans les 10 prochaines années.

Olivia Bugault