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"Notre pays a besoin de travailler plus": le patron du Medef s'agace au "conclave" de voir "détricoter" la réforme des retraites de 2023

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Pour éviter un échec cuisant après trois mois et demi de concertation, le "conclave" des retraites, qui devait s'achever mardi, a droit à une journée de plus, le 23 juin, même si des partenaires sociaux hésitent à s'y rendre.

Le patron du Medef, Patrick Martin, s'est dit mercredi "très réservé" concernant la présence de l'organisation patronale le 23 juin à l'ultime réunion du "conclave" sur les retraites, indiquant sur France 2 qu'il allait "consulter ses instances". Pour éviter un échec cuisant après trois mois et demi de concertation, le "conclave" des retraites, qui devait s'achever mardi, a droit à une journée de plus, le 23 juin, même si des partenaires sociaux hésitent à s'y rendre. Interrogé sur la présence ou pas du Medef le 23 juin, Patrick Martin a répondu : "à l'instant où je vous parle, je ne sais pas, mais en ce qui me concerne je suis très réservé".

"Nous n'étions pas demandeurs que cette réforme soit réexaminée. A bas bruit, certains sont en train de la détricoter. Or, notre pays a besoin de travailler plus et notre pays est en grande difficulté financière. Au rythme où vont les choses, rapidement nous ne pourrons plus payer les retraites", a-t-il estimé.

"Je vais consulter mes instances. Le Medef a fait des avancées remarquables mardi, il y a huit jours, sur les carrières des femmes, sur l'usure, sur les invalidités. Ces propositions ont été balayées d'un revers de la main", a-t-il ajouté.

Des syndicats "pas très cohérents"

"Nous nous étions accordés avec les organisations syndicales pour atteindre l'équilibre financier. Il manquera malgré tout 6 milliards et demi d'euros par an en 2030. Ce qui est sur la table de la part des organisations syndicales, et je le redis de la part d'une autre organisation patronale, va altérer ce rendement. On ne peut pas dire une chose et dire son contraire. C'est l'intérêt du pays, pas spécifiquement des entreprises", a-t-il affirmé.

Les syndicats "ne sont pas très cohérents, tout ce qui a été dit encore hier va dans le sens d'une altération du financement de nos retraites", a répété le président du Medef. Sans la signature de l'organisation patronale, "un accord serait très relatif", a jugé Patrick Martin, rappelant qu'elle était "de loin la première organisation patronale" avec "12 millions de salariés" et "240.000 entreprises adhérentes".

Sceptique sur les prévisions de croissance

Le patron du Medef s'est également exprimé sur la croissance, alors que la Banque de France a abaissé il y a quelques jours sa prévision de croissance de 0,7% à 0,6% en 2025, en raison des droits de douane imposés par les Etats-Unis dans un climat très incertain. Le gouvernement estime pour sa part que sa prévision de 0,7% reste "atteignable".

"On est à 0,1% sur le premier trimestre, il semblerait qu'on soit à 0,1% sur le deuxième trimestre. Je ne vois pas bien où seront les 0,6, 0,7. Mon pronostic, c'est qu'à ce jour, et a fortiori si on dégrade nos finances publiques par un détricotage de la réforme des retraites, nous ne soyons même pas à ce niveau de croissance", a-t-il déclaré.

"Je le rappelle : la Pologne cette année (c'est: NDLR) 3%, l'Espagne 3%, le Portugal en excédent budgétaire, l'Allemagne est en train de ré-accélérer. Que fait-on dans ce pays?", s'est interrogé le patron du Medef.

TT avec AFP