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Les mesures de Washington contre des entreprises étrangères présentes à Cuba entreront en vigueur le 2 mai

Donald Trump et Mike Pompeo le 2 mai 2018

Donald Trump et Mike Pompeo le 2 mai 2018 - MANDEL NGAN / AFP

Les États-Unis vont autoriser les plaintes contre les entreprises étrangères installées à Cuba malgré les menaces de représailles déjà formulées par l'Union européenne.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a annoncé ce mercredi que Washington ouvrirait à partir du 2 mai la voie à des milliers d'actions en justice contre des entreprises étrangères présentes à Cuba, malgré les avertissements de l'Union européenne qui a menacé de représailles. 

"Toute personne ou entreprise faisant des affaires à Cuba devrait respecter cette annonce", a déclaré Mike Pompeo en conférence de presse. 

"Spirale inutile"

"La décision des États-Unis (...) aura un impact important sur les opérateurs économiques de l'UE et du Canada à Cuba (...) et ne peut que mener à une spirale inutile de poursuites judiciaires", ont réagi la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström, la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini et la ministre des Affaires étrangères du Canada Chrystia Freeland.

"Nous sommes déterminés à travailler ensemble pour protéger les intérêts de nos entreprises dans le cadre de l'OMC (Organisation mondiale du Commerce) et en interdisant l'exécution ou la reconnaissance des jugements étrangers (...) tant dans l'UE qu'au Canada", ont annoncé les Européens et les Canadiens.

De son côté, le gouvernement cubain a dit rejeter "énergiquement" l'annonce du secrétaire d'État Pompeo, estimant qu'il s'agit d'une "attaque au droit international et à la souveraineté de Cuba et d'États tiers". 

Aucune dérogation

Washington n'offrira par ailleurs aucune dérogation aux entreprises étrangères, a précisé la secrétaire d'État américaine adjointe chargée des Amériques, Kimberly Breier. Elle a toutefois pris soin de souligner que "la majorité des entreprises européennes ne ser(aie)nt pas inquiétées", car elles ne traitent pas avec des bâtiments ou biens nationalisés après la révolution de 1959 dans l'île des Caraïbes.

C'est en effet tout l'objet du chapitre III de la loi Helms-Burton, qui date de 1996. Elle permet théoriquement, notamment aux exilés cubains, de poursuivre devant les tribunaux fédéraux américains les entreprises qui ont réalisé des gains grâce à des sociétés nationalisées après 1959. Cette disposition avait été systématiquement suspendue depuis son adoption par les présidents américains, depuis Bill Clinton, pour justement ne pas froisser les alliés internationaux des États-Unis.

Représailles

Kimberly Breier a affirmé avoir été en "contact très étroit avec nos alliés" en Europe avant cette annonce. Bruxelles avait pourtant déjà menacé Washington de représailles. 

"L'Union européenne sera contrainte d'utiliser tous les moyens à sa disposition" pour protéger ses intérêts, ont averti la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et la commissaire au commerce Cecilia Malmström, dans un courrier adressé à Mike Pompeo, daté du 10 avril, dont l'AFP a obtenu copie.

Selon le Conseil économique et commercial des Etats-Unis et de Cuba, un groupe basé à New York qui milite en faveur de relations commerciales entre les deux adversaires, les plaintes dans le cadre du Titre III pourraient possiblement viser les compagnies aériennes américaines Delta, American Airlines et United, des chaînes hôtelières comme Marriott et Accor et d'autres firmes comme Pernod Ricard et Huawei.

La date de cette annonce n'a pas été choisie au hasard: mercredi marque l'anniversaire du débarquement de la baie des Cochons en 1961, une tentative d'invasion américaine qui s'était soldée par une défaite cinglante. Les États-Unis cherchent ainsi à maintenir la pression sur Cuba, dont ils accusent les autorités de soutenir le régime socialiste de Nicolas Maduro au Venezuela.

Paul Louis avec AFP