Le gouvernement veut les recycler pour éviter "un énorme gaspillage": que deviennent les médicaments rapportés en pharmacie?

Bientôt une révolution à venir dans l'industrie pharmaceutique? Dans un entretien accordé au Parisien dimanche 3 août, la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a annoncé qu'elle allait "travailler avec les professionnels de santé pour que les produits qui sont rapportés à la pharmacie soient analysés, afin d'être éventuellement remis dans le marché".
"Il y a un énorme gaspillage autour de tous ces produits qui contribue au déficit de la Sécurité sociale", a-t-elle insisté.
Les médicaments non utilisés détruits pour produire de l'énergie
Aujourd'hui, il est déjà possible de restituer en pharmacie des médicaments périmés ou non utilisés et dont vous n'avez plus besoin dans vos placards. Mais leur recyclage n'a pas vocation à les remettre à disposition d'autres patients, d'autant plus qu'il est demandé de séparer la boîte en carton et la notice.
En effet, une fois restitués aux officines, les comprimés, gélules, pommades et crèmes ou encore les sirops et gouttes non utilisés ou périmés sont incinérés pour produire de l'énergie sous forme de vapeur et d'électricité. De cette manière, la valorisation énergétique des médicaments non utilisés ou périmés permet d'éclairer pas moins de 7.000 logements toute l'année selon les chiffres du gouvernement.
Ces médicaments seront-ils bientôt remis sur le marché? La proposition de la ministre fait débat parmi les profesionnels. "Un comprimé d'antibiotiques, ça vaut vingt centimes. Le prix de la manutention, le prix du contrôle pour les remettre à disposition, cela ne vaut pas le coup", considère Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) auprès de RMC.
Le reconditionnement peut néanmoins être intéressant si le prix du comprimé dépasse 10 euros: "Il y a des médicaments qui sont très chers, qui valent 10.000 euros la boîte pour des patients cancéreux. Quand malheureusement le patient décède, c'est dommage qu'une boîte de médicaments à 10.000 euros soit détruite. En le donnant à l'hôpital, des procédures de contrôle peuvent être faites et le médicament réutilisé", a ajouté le pharmacien d'officine exerçant à Limoux (Aude).