François Villeroy de Galhau veut un effort de "tous, à commencer par les plus favorisés" pour réduire le déficit

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, participe à la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 23 mai 2022. - COFFRINI / AFP
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a souhaité mercredi un effort de "tous, à commencer par les plus favorisés" afin de ramener l'important déficit public français sous 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2029.
"L'État doit rester exemplaire, mais pas seul, car il ne représente qu'un gros tiers des dépenses totales."
"Les dépenses sociales et locales augmentent encore de plus de 2% par an... L'effort doit être partagé et juste, et donc concerner tous, à commencer par les plus favorisés", a-t-il déclaré au journal Les Echos.
Il a estimé nécessaire de stabiliser les dépenses hors inflation, car "à modèle social proche, nos dépenses sont supérieures de plus de 9 points de PIB à celles de nos voisins européens".
"Demander un effort à tous les Français"
Trois économistes français de renom, Olivier Blanchard, Jean Pisani-Ferry et Gabriel Zucman, ont estimé mercredi que la "taxe Zucman" sur les multimillionaires était la solution la "plus efficace" pour faire davantage contribuer les riches, dans une tribune publiée dans Le Monde à la veille de l'examen au Sénat d'une proposition de loi en ce sens.
Le Premier ministre François Bayrou, qui doit annoncer d'ici au 14 juillet ses orientations pour le prochain budget, avait dit en mai vouloir "demander un effort à tous les Français".
Le gouvernement privilégie la réduction des dépenses à une augmentation de la fiscalité pour dégager 40 milliards d'euros d'économies réparties entre État, Sécurité sociale et collectivités locales, et réduire le déficit public à 4,6% du PIB l'an prochain après 5,4% attendus en 2025.
Cela reste insuffisant, a estimé François Villeroy de Galhau, en prévenant que la dette française augmenterait jusqu'à 120% du PIB en 2027 avec une charge d'intérêts supérieure à 100 milliards d'euros en 2030.
Vers une "année blanche"?
L'objectif de 5,4% "reste atteignable", a-t-il jugé, mais "seul le cap des 3% de déficit (...) permettra de stabiliser ce ratio" d'endettement. Il doit donc impérativement être tenu. C'est l'intérêt national", a-t-il insisté.
"La menace est que la France soit prise en ciseau entre des prêteurs de plus en plus exigeants (…) et des dépenses de plus en plus pressantes."
Parmi les pistes d'économies qui circulent figure celle d'un gel budgétaire ("année blanche") qui, selon lui, "peut peut-être jouer un rôle, dans un contexte où l'inflation a diminué".
Le gouvernement a instauré en 2025 une contribution temporaire appliquée aux ménages les plus aisés. Il souhaite en 2026 continuer à lutter contre l'optimisation fiscale, ce qui pourrait prendre la forme, selon Les Echos, d'une "contribution différentielle sur le patrimoine" net supérieur à 2 millions d'euros, assurant une taxation minimale du patrimoine.