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Inflation: quels pays européens ont le plus dépensé pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages?

Parmi les quatre grandes économies européennes, la France est celle qui a le plus soutenu le pouvoir d'achat des ménages face à l'inflation depuis l'automne. Les mesures prises dans l'Hexagone sont toutefois peu ciblées et profitent aussi bien aux plus aisés qu'aux plus modestes.

C'est une sorte de "quoi qu'il en coûte" qui ne dit pas son nom. Entre le bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité, le coup de pouce supplémentaire de 100 euros dans le cadre du chèque énergie ou la remise de 18 centimes sur le carburant, le gouvernement a engagé depuis l'automne 26 milliards d'euros pour préserver le pouvoir d'achat des ménages face à l'inflation qui a atteint 4,8% en avril sur un an.

L'ensemble de ces aides a soutenu le pouvoir d'achat des ménages à hauteur de 2,8%, selon une étude du cabinet Asterès. Dit autrement, le pouvoir d'achat des Français serait 2,8% plus faible si elles n'avaient pas été mis en place.

Pour autant, "ce sont des mesures importantes qui n'évitent pas une baisse de pouvoir d'achat d'à peu près 1,5% au premier trimestre", a commenté sur BFM Business Sylvain Bersinger, économiste chez Asterès. Reste que la France fait mieux que ses principaux voisins puisque le pouvoir d'achat des ménages a été soutenu à hauteur de 1,9% en Italie, 1,6% en Espagne et 0,9% en Allemagne.

Sylvain Bersinger estime par ailleurs que le gouvernement français aurait pu "mieux calibrer sa réponse" face à l'inflation:

"On a eu beaucoup de mesures générales (...) pour tout le monde", rappelle-t-il, appelant à "cibler ces mesures sur les ménages les plus en difficultés". "Soutenir le pouvoir d'achat d'un cadre supérieur pour qu'il fasse le plein de sa grosse voiture, ce n'est pas forcément pertinent, ni économiquement, ni écologiquement", ajoute-t-il.

1,9% du PIB

Les travaux d'Asterès s'appuient sur une note de BNP Paribas qui passe en revue l'intégralité des aides déployées par les quatre principales économies européennes pour aider les ménages à faire face à l'inflation. Il en ressort que les gouvernements des pays étudiés ont "tous mis en oeuvre une remise sur le prix du litre d'essence (18 centimes en France, 25 centimes en Italie, 20 centimes en Espagne, 14 centimes en Allemagne)". La France se distingue surtout par le bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité qu'elle est "la seule à appliquer jusqu'à maintenant" (l'Espagne et le Portugal s'apprêtent à prendre une initiative similaire après le feu vert de la Commission européenne pour plafonner les prix).

C'est donc avant tout le bouclier tarifaire qui permet aujourd'hui à la France d'afficher un niveau d'inflation parmi les plus faibles d'Europe. Les prix de l'énergie ont certes bondi de 29,8% dans l'Hexagone en mars, mais l'augmentation est nettement plus forte en Allemagne (+37,6%), en Italie (+51,5%) et en Espagne (+60,3%).

Une protection qui a un coût. Si l'on ajoute au soutien des ménages celui apporté aux entreprises, les mesures gouvernementales pour amortir la hausse des prix représentent 45,9 milliards d'euros en France (1,9% du PIB), contre 23,4 milliards en Italie et en Allemagne (1,3 et 0,7% du PIB) et 16,9 milliards d'euros en Espagne (1,4% du PIB). Et le montant devrait continuer de croître: le gouvernement doit présenter un projet de loi après les élections législatives avec de nouvelles mesures pour le pouvoir d'achat.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco