En France, deux buralistes sur trois vendent encore du tabac aux mineurs

En France, alors que la vente de tabac aux mineurs est interdite depuis près de 20 ans, deux tiers des buralistes continuent pourtant de le faire. Le Comité national contre le tabagisme (CNTC) alerte sur cette pratique illégale après un testing mené en novembre 2021 auprès de 403 bureaux de tabac sur l'ensemble du territoire français.
Le CNCT a mené une étude "clients mystères" avec des mineurs de 17 ans, accompagnés d'un adulte en retrait, présent pour "contrôler le respect de la réglementation en matière d'obligation d'affichage", explique l'association. "Le jeune, selon la pratique reconnue du testing, se présentait au buraliste dans une démarche d'achat d'un paquet de cigarettes."
Les conclusions du testing sont sans appel: 64% des buralistes ont accepté de vendre des cigarettes aux mineurs, contre 65,1% en 2019, année de la dernière enquête. Un chiffre en légère baisse. Mais le constat est encore plus inquiétant dans les villes de plus de 15.000 habitants, où 77% des buralistes ont procédé à la vente, contre 52% dans les villes de moins de 3500 habitants.
Appel à des sanctions "dissuasives"
Les bureaux de tabac ont par ailleurs l'obligation d'afficher un message rappelant l'interdiction de la vente aux mineurs, et le contrôle systématique de l’âge du client. Seuls 42% des débitants respectaient l’ensemble de ces obligations.
"Le tabagisme est une épidémie pédiatrique, rien ne peut plus justifier qu’une profession massivement subventionnée persiste dans ces pratiques illégales, des sanctions dissuasives doivent être appliquées", estime le professeur Yves Martinet, président du CNCT, cité dans le communiqué.
Le CNCT réclame un durcissement urgent des sanctions à l'encontre des contrevenants, ainsi qu'une augmentation des contrôles et des amendes. L'association reconnue d'utilité publique souhaite aussi la "possibilité de fermeture administrative", par exemple en cas de récidive.
Enfin, le CNCT demande le report de l'âge légal de vente des produits de tabac à 21 ans, une stratégie "efficace de prévention à une période où le cerveau des jeunes est particulièrement vulnérable aux effets de la nicotine".
Plus de 200.000 jeunes commencent à fumer chaque année. Un chiffre encore trop élevé mais à relativiser car depuis 2000, il n'y a jamais eu aussi peu de jeunes fumeurs en France.
Selon la dernière enquête ESCAPAD, qui porte sur la santé de jeunes âgés de 17 ans et sur leurs consommations de produits psychoactifs, plus d’un quart (25,1%) sont des fumeurs quotidiens. Et près de six jeunes Français sur dix ont déjà essayé de fumer. Malgré tout, le nombre de jeunes fumeurs français reste particulièrement élevé par rapport à d’autres pays, notamment anglo-saxons.