De plus en plus d'enfants ne mangent pas assez de produits laitiers et manquent de calcium

Près de la moitié des enfants de 6 à 10 ans n'ont pas une alimentation qui couvre leurs besoins en calcium - MYCHELE DANIAU / AFP
MAJ du 3 juin 2019 : ajout de la mention que l'étude du Crédoc a été réalisée à la demande du fromager Bel.
La hausse est spectaculaire. Entre 2010 et 2016, la part des enfants âgés de 3 à 5 ans dont l'alimentation ne couvre pas leurs besoins en calcium est passée de 4% à 20%. Chez les enfants de 6 à 10 ans, elle est passée de 33% à 45%. Selon une étude du Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), réalisée à la demande du fromager Bel, c’est la conséquence directe d’une baisse de la consommation de produits laitiers, en particulier de lait au petit déjeuner, mais aussi de yaourts et de fromage en fin de repas. Cette tendance s’explique notamment par un changement de comportement des parents qui doutent désormais des bienfaits réels des produits laitiers, tout comme les professionnels de santé.
Les apports en calcium conseillés progressent à partir de 4 ans, passant de 500 mg par jour à 3 ans à 700 mg entre 4 et 6 ans, à 900 mg entre 7 et 9 ans et enfin à 1200 mg à l’âge de 10 ans. Les aliments riches en calcium doivent être privilégiés et consommés en plus grande quantité à mesure que l’enfant grandit. "Il est nécessaire d’assurer une couverture permanente des besoins en calcium", surtout pendant "l’enfance et l’adolescence, lorsque se met en place le capital osseux maximal", écrit le Crédoc dans son étude.
Une alimentation de moins en moins diversifiée
La recommandation actuelle de consommation de produits laitiers (lait, yaourts, fromage et fromage blanc) est de trois ou quatre portions par jour chez les enfants. D’un point de vue nutritionnel, ces produits sont difficiles à remplacer par d’autres car ils apportent en quantité importante du calcium, "essentiel à la construction du squelette et à son entretien, à la contraction musculaire, à la transmission nerveuse, à la coagulation du sang et de la vitamine D qui assure la minéralisation des os en période de croissance", selon le Crédoc.
Mais si les besoins en calcium sont moins bien couverts, c’est aussi parce qu’en dix ans, le régime alimentaire des enfants âgés de 3 à 5 ans et de 6 à 10 ans a nettement évolué vers "une moindre diversification et une consommation accrue de plats élaborés (plats préparés, pizzas). Dans le même temps, les consommations de produits carnés, de charcuteries, de poissons, de produits laitiers et de fruits et légumes sont en forte baisse", note le Crédoc. Les parents privilégient une alimentation plus riche en féculents (pâtes et riz), et la consommation de sodas augmente de façon importante chez les plus petits. Or, le calcium est apporté en grande partie par les produits laitiers, mais également par les fruits, les légumes, l’eau…
Quatre types de mangeurs très différents chez les 6-10 ans
Afin de mieux comprendre la détérioration de la couverture des besoins en calcium, le Crédoc a établi une typologie des régimes alimentaires des petits français. Elle révèle quatre classes de jeunes consommateurs : les "petits mangeurs" (39% des enfants de 6-10 ans), les "habitués du tout prêt" (22%), les "palais sucrés" (16%) et les "amateurs de variétés" (23%). Ceux qui diversifient le moins leur alimentation sont les "petits mangeurs", en majorité des filles (55%), et les "habitués du tout-prêt".
Les petits mangeurs vivent plus souvent avec des parents en couple (les familles monoparentales sont sous-représentées). Ils consomment moins de tous les produits alimentaires. Non seulement ces enfants mangent peu, mais, en plus, leur diversité alimentaire s’avère significativement inférieure à la moyenne. C’est la classe d’enfants dont les apports en calcium sont les plus faibles : 62% d’entre eux ont des apports inférieurs aux besoins moyens en calcium. Les "palais sucrés" sont quant à eux plus souvent des enfants d’ouvriers, plutôt sédentaires. Gros consommateurs de biscuits salés, de pâtisseries et de boissons sucrées, 45% d’entre eux n’atteignent pas les besoins en calcium.
Les "habitués du tout-prêt" habitent plutôt en région parisienne et sont plus souvent issus de familles monoparentales. Ils sont également plus sédentaires car ils passent plus de temps devant les écrans et sont plus souvent en surpoids. Mais ils ont aussi des apports en calcium supérieurs à la moyenne grâce à leur forte consommation de lait avec des céréales au petit déjeuner. Les "amateurs de variétés" quant à eux sont davantage issus de catégories socioprofessionnelles supérieures et habitent plus souvent le sud de la France. La diversité de leur alimentation est plus élevée et ils couvrent plutôt bien leurs besoins en calcium (seuls 31% n’y parviennent pas) car ils mangent plus de fromage, produit qui est le plus important contributeur aux apports en calcium, et consomment aussi une bonne diversité de produits laitiers.