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Comment expliquer ce petit rebond mensuel de l'inflation en août?

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Selon la première estimation de l'Insee, les prix ont progressé de 4,8% en août sur un an contre 4,5% un mois plus tôt.

Petite surprise sur le front de l'inflation dont la tendance baissière s'est arrêtée en août. Selon la première estimation de l'Insee, les prix ont en effet progressé de 4,8% sur un an contre +4,5% un mois plus tôt.

Cette accélération mensuelle de la hausse des prix est la première depuis le mois d'avril, comment l'expliquer?

Ce rebond est en trompe l'œil comme le confirme Sylvain Bersinger, chef économiste au cabinet Asterès. Il "est exclusivement dû à la hausse des prix de l’énergie, dont les évolutions sont par nature erratiques" explique-t-il dans une note.

Les prix de l'énergie ont en effet bondi de 6,8% en glissement annuel, notamment à cause de la hausse des prix des produits pétroliers et des tarifs réglementés de l’électricité au 1er août 2023.

"Un rythme d’inflation plus habituel probablement courant 2024"

"Ce rebond de l’inflation n’indique donc pas un changement de tendance mais résulte pour une large part d’une décision administrative sur la fixation du prix de l’électricité" commente l'économiste.

"L’inflation est en baisse sur l’ensemble des autres grands postes de dépenses des ménages" poursuit-il. Et de fait, les prix de l’alimentation ralentiraient pour le cinquième mois consécutif à +11,1% (contre +12,7% un mois plus tôt), ainsi que, dans une moindre mesure, ceux des produits manufacturés (-0,3 point) et des services (-0,2 point).

"La tendance déflationniste est donc bien présente et se retrouve dans l’ensemble des secteurs de l’économie, hors énergie" résume Sylvain Bersinger.

Trajectoire globalement baissière

Pour ce dernier, ce rebond est "momentané", et la tendance baissière devrait reprendre "à l’automne à un rythme difficile à prévoir précisément du fait d’évolutions lourdes qui s’observent depuis plusieurs mois, comme la baisse globale du prix du gaz (malgré un léger rebond à l’été) ou la chute de l’inflation sur les prix de production (prix sortie d’usine)". 

Conclusion, "malgré le rebond en août, la trajectoire globalement baissière de l’inflation ne fait guère de doutes (sauf nouveau choc géopolitique) au vu des tendances lourdes de l’économie".

Reste que le rythme sera "un phénomène lent". "Avec la baisse globale de l’inflation, la progression des salaires ralentira (fin 2023 ou début 2024) entraînant une baisse durable de l’inflation dans les services et donc un retour à un rythme d’inflation plus habituel, probablement courant 2024" estime le spécialiste. 

Selon les projections de la Banque de France (en juin) "l'inflation IPCH (indice des prix à la consommation harmonisé) totale refluerait progressivement pour revenir autour de 2% d'ici 2025, sous réserve de l'absence de nouveaux chocs sur les matières premières importées".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business